Sonorisation de la Page

 

La Motte Chalancon :

Petite histoire du village et de la paroisse

Vue de La Motte Chalancon, par Patrice Jeener, avec l’aimableautorisation de l’artiste. Pour en savoir plus, cliquer ici.

 

Une des plus anciennes mentions de la Motte Chalancon se trouve en 1296 dans un procès verbal de visite des Etablissements de l’Ordre de Cluny sous la forme « la Motte » et en 1392,  « la Motta Chalanconis », ce second nom venant sans doute de la commune voisine.

« La Motte », était un nom donné aux villages bâtis sur une élévation, parfois artificielle, ce qui n’était pas le cas de notre village, et souvent surmontés d’un château.

Le passé de la Motte Chalancon a malheureusement laissé peu de traces ; les archives de la commune sont presque inexistantes. Seuls des documents isolés permettent d’en jalonner l’histoire.

  En 1855, DELACROIX écrivait :  « ce bourg présente de toutes parts de difficiles accès, mais le bassin dans lequel il est placé est fertile et riant ; l’air y est pur et le climat tempéré. Les productions principales sont les graines, le vin, les fourrages, le chanvre et les noix. Le vin du quartier de Malatras, entre autres, est fort estimé… »

  La population de la Motte a atteint son apogée un peu avant l’ensemble du Diois. Elle était de 638 habitants en 1748, de 1247 habitants en 1831. Actuellement elle est de moins de 400 habitants.

  Examinons rapidement le passé historique de notre paroisse ou tout au moins l’évolution protestante de la vallée de l’Oule.

  Pour des renseignements un peu plus précis, nous n’évoquerons que la période qui suit le début du XVII ème, c'est-à-dire 1598 où l’Edit de Nantes garantit la liberté religieuse aux protestants, car, en fait, nous n’avons que peu de lueurs sur les débuts du Calvinisme dans la vallée de l’Oule.

  L’organisation des Eglises à cette époque est à peu près celle d’aujourd’hui.

  Elles sont dirigées par un Consistoire formé du pasteur de l’Eglise et de quelques anciens.

  A l’échelon supérieur, le Colloque réunit les pasteurs d’un groupe d’Eglises et un ancien par Eglise.

  Périodiquement se réunit le Synode du Dauphiné qui se tiendra tout au long du siècle dans diverses villes dont Die, Dieulefit, Nyons ou Serres.

  Ces églises bénéficient de l’Académie protestante de Die (1604 – 1684) qui dispose de maîtres de renommée internationale et d’un imprimeur. Deux pasteurs de la Motte y seront formés : CHOLIER et GABET.

  La Réforme une fois implantée, on s’aperçoit que la moitié Nord – Est du bassin de l’Oule est un bastion huguenot qui relie les deux pôles du Diois, Valdrôme et Bourdeaux.

  Trois Eglises dépendent du colloque du Diois : Aucelon, La Motte et la Charce.

  L’Eglise de la Motte a eu comme pasteurs : Jean RICHAUD (1607), Clément DAUPHIN (1614 – 1632), Raphaël GABET (1634 – 1648), Isaac CHOLIER (1649), André SERRE (1651), Guy JOURDAN (1660 – 1683). En 1605, devant l’impossibilité de trouver un pasteur, celui de Vesc est chargé d’y donner huit prédications par an.

   En 1664, le culte est conservé à Arnayon (qui avait un pasteur particulier en 1651) et à Chalancon, malgré l’opposition des catholiques du lieu et du Seigneur du village (MONTEYNARD).

  En 1684, la Motte, Arnayon et Chalancon ont leur temple, leur cimetière, leur cloche de deux quintaux …. et respectivement 700, 100 et 649 livres de capital.

  Arrivé à ce point de notre exposé, il nous faut entrer dans la triste période des persécutions, exil et condamnation des Protestants.

  Sans nous étendre sur les excès de toute nature infligés aux Réformés de cette époque, nous signalerons cependant l’exil en Suisse de Guy JOURDAND, 58 ans, pasteur de la Motte, de Daniel ARNAUD, 50 ans, pasteur à Volvent, etc…

  Il existe des listes d’émigrés de la Motte et des paroisses voisines, sans doute fort incomplètes, mais significatives de l’ampleur du mouvement. Ces listes ne donnent qu’un aperçu d’une émigration qui a dû être plus ample puisque Arnayon aurait perdu, dans les deux ans qui ont suivi la Révocation, 4 habitants, Saint Dizier 3 habitants, Establet 20 et la Motte 67. Beaucoup abjurèrent ou du moins prétendirent le faire.

  Où sont-ils partis ?

  Principalement en Suisse, Genève, Neuchâtel, en divers points d’Allemagne. Mais les condamnations aux galères furent nombreuses et les Réformés poursuivis par les troupes du roi ne purent échapper au triste sort qui leur fut infligé.

  Jean LATARD de Chalancon et André EMERIC d’Establet, 10 ans de galère avec marque au fer chaud sur le corps, mais le 7 mai 1734, Jean LATARD abjure !...

  De nombreux enfants enlevés à leur famille complètent ce triste tableau.

  Il faut reconnaître que, lorsqu’ils en avaient les moyens, les Réformés ne se privaient pas de rendre coup pour coup.

  Sur les temps « modernes », nous ne nous étendrons pas.

  Nous ne saurions toutefois passer sous silence l’époque de la Brigade de la Drôme autour des années 30 qui restera marquée dans les annales de notre paroisse. Egalement la constitution de l’Eglise Consistoriale nécessitée par la baisse démographique importante des fidèles.

  Et nous citerons enfin le nom du dernier pasteur résidant au presbytère de la Motte, Francis CATTEGNO qui quitta notre village en 1967 après y avoir séjourné 3 ans et avoir été ordonné à la Motte.

  Gabriel MOURIER

  Sources : Archives départementales, Cahiers de l’Oule, Archives isolées.

  Haut de page | Un peu d’histoire | Accueil