Eglise réformée
de Valréas - St-Paul-Trois-Châteaux
Cycle de conférences
: "Protestants réformés, qui sommes-nous ?"
Des divisions du
XIXe siècle à l'ERF des années 2000
Jean-François Zorn
Professeur d'histoire
du christianisme à l'époque contemporaine
A l'Institut Protestant
de Théologie, Faculté de Montpellier
Vendredi 18 novembre
2005
Introduction
Si l'on jette un regard
rétrospectif sur le protestantisme français au cours des deux siècles écoulés
(1800-2000) une chose frappe : l'Église Réformée de France demeure, en tout
cas dans la grande partie du pays, hormis quelques départements de l'est de
la France où le luthéranisme est implanté depuis la Réforme, l'ERF demeure l'Église
protestante la mieux identifiée, la mieux reconnue, même si, ne nous leurrons
pas, l'image du protestantisme en France reste floue pour la majorité de nos
contemporains. C'est que le protestantisme est une petite famille spirituelle
et, dans cette famille, l'Église réformée tient aujourd'hui une place modeste.
Pourtant, elle tient une place particulière que personne ne peut lui disputer
: d'une part, c'est la plus ancienne des Églises protestantes en France, c'est
en effet la première Église née de la Réforme en 1559 (date de son premier synode
national), d'autre part, c'est d'elle que sont sorties la plupart des autres
Églises, soit en ligne directe donnant naissance à d'autres Églises de type
réformé, soit indirectement par scission de personnes ou de groupes donnant
naissance à des Églises d'une autre dénomination (libriste, méthodiste, baptiste),
de sorte que l'Église réformée a connu, et connaît encore, la plupart des soubresauts
de la famille protestante en France. Cela ne lui donne aucun droit, aucun pouvoir
sur les autres, même pas celui de l'antériorité, mais lui assigne néanmoins
une place originale et néanmoins difficile à tenir : celle d'être l'Église dans
laquelle on vient, de laquelle on sort, dans laquelle on revient, sur laquelle
on tape quelquefois mais à laquelle finalement beaucoup témoignent leur attachement.
Jusque là, tout ce que je
vous ai dit peut vous sembler n'être que des impressions, subjectives donc.
Or je voudrais étayer ces dires par quelques considérations objectives d'historien
qui vont consister à vous raconter l'histoire de la famille réformée française
depuis deux siècles. En vous montrant que beaucoup de cette histoire - et de
ces histoires - partent de l'Église réformée et y reviennent, je n'entends cependant
pas opter pour une position, très soupçonnable pour un protestant, qui consisterait
à dire que l'unité du protestantisme français doit se faire autour de l'Église
réformée ; je voudrais simplement vous rendre attentif au fait que, fort d'expériences
d'union et de désunion, nous devrions, nous réformés, pouvoir trouver ensemble
un modèle d'unité spécifique nous permettant de vivre ensemble notre
foi en tenant compte de ses diverses expressions, diversité à verser au compte
de nos richesses plutôt que de nos misères.
1 - Quand l'Église
réformée était un culte reconnu
1-1-Bref rappel historique
Je ne vais pas vous parler de l'Église
réformée en France depuis ses origines, sinon une seule soirée n'y suffirait
pas. Mais comme j'ai évoqué le synode fondateur de l'ERF en 1559, je veux
repartir de cet événement - le synode national - qui est l'un des moments
fondateurs de notre union d'Église locales ; en effet c'est lui, le synode,
qui dit la doctrine (c'est-à-dire la confession de foi) et la discipline (c'est-à-dire
la règle de vie commune) au nom de et pour ces Églises locales. Cela signifie
que lorsque notre Église est empêchée de se réunir en synode, son existence
est menacée à un certain niveau, celui précisément de son unité et de sa communion.
Certes un synode n'est rien sans les Églises locales, ces congrégations dont
l'Évangile annoncé et les sacrements (baptême et cène) célébrés sont le fondement.
Mais, nous allons le voir, si l'Église réformée est réduite au niveau de ses
congrégations locales sans liens entre elles, le risque est grand que, non
fécondées par leur union et leur communion, ces congrégations se replient
sur elles-mêmes, soient soumises à des tendances théologiques dominantes contre
d'autres qui sont minoritaires, et surtout à des jeux de pouvoir personnels.
D'ailleurs le pouvoir politique en France le savait fort bien. Il n'eut de
cesse, à cause évidemment de son lien privilégié avec l'Église catholique,
d'empêcher les synodes régionaux et nationaux de se réunir. Le dernier se
réunit à Loudun en 1659. Avec la Révocation de l'Édit de Nantes par Louis
XIV, en 1685, s'en était fini de la vie synodale au grand jour et celle-ci
ne se reconstitua que deux siècles plus tard avec le synode national de 1872
sur lequel je reviendrai. Pendant plus de deux siècles, de 1659 à 1872 donc,
les Églises réformées furent empêchées de se réunir en synodes. Bien sûr,
il y eut, à partir des années 1720, des synodes clandestins tenus au Désert
; mais avec un corps pastoral formé à l'étranger et constamment dispersé face
à une police qui surveillait les assemblées, les surprenait quelquefois et
les dispersait, ce n'était pas une situation normale pour une Église qui doit
pouvoir être au bénéfice de la paix civile, ce qui ne veut pas dire qu'elle
doit être une Église officielle(1).
1-2-Le régime des cultes reconnus
appliqué à l'Église réformée de France
Alors justement, je voudrais faire
partir mon parcours historique de ce temps où l'Église réformée de France,
comme d'ailleurs les autres Églises, catholique et luthérienne et le culte
juif, ont bénéficié de la reconnaissance de l'État français. C'était en 1802,
grâce au Concordat que le pape et Napoléon Bonaparte avaient signé et les
articles organiques qui en découlaient pour chacun des cultes que je viens
de citer, que l'Église réformée de France a obtenu le statut de culte reconnu.
C'était un incontestable commencement, ou recommencement pour l'Église réformée
après un XVIIIe siècle de persécutions au début, de tracasseries au milieu
du siècle, de tolérance à la fin du siècle et cette reconnaissance au début
du XIXe siècle.
Mais qu'ont obtenu les réformés par
les articles organiques ? Ces articles déclaraient bien que " les Églises
réformées de France auront des pasteurs, des consistoires locaux et des synodes
" (art. XV) mais ces synodes n'étaient que d'arrondissement et n'en portaient
pas le qualificatif pour ne point faire apparaître l'absence de synode national (2). De plus on leur enlevait toute périodicité de leur
réunion telle qu'elle apparaissait dans l'ancienne Discipline et la convocation
dépendait entièrement de l'autorité gouvernementale. Les articles organiques
créaient des consistoires nommés Églises consistoriales entités administratives
de six mille âmes. Or dans l'ancienne Discipline, consistoire et Églises étaient
des notions distinctes. L'Église était la communauté locale avec un ministre
à sa tête et le consistoire était l'organisation de cette Église. La Discipline
permettait donc que plusieurs Églises s'organisent dans le consistoire. Dans
les articles organiques, seule existe l'entité consistoriale, qui non seulement
était une manière de ne pas reconnaître l'Église locale comme entité, mais
ne pouvait fonctionner en situation de dissémination. Aux protestants, qui
n'avaient plus d'existence ecclésiale légale depuis la révocation de l'Édit
de Nantes en 1685, les articles organiques redonnaient, certes, les moyens
légaux et matériels d'exister, mais sur les deux caractéristiques du régime
presbytérien synodal de l'ancienne discipline, les protestants n'obtenaient
pas satisfaction : l'Église locale ne recevait pas d'existence et la structure
synodale regroupant au plan national les Églises locales n'était pas rétablie.
Autrement dit, l'unification ecclésiale et doctrinale des réformés qui eut
été indispensable après un siècle de persécutions et de tracasseries ne pouvait
pas se réaliser.
Mais les réformés se montrèrent en
gros satisfaits des articles organiques pour deux raisons :
-
ils recouvraient la liberté du culte
bien que leur expression doctrinale était soumise au contrôle de l'État
(Articles 4, 5, 6) et que l'exercice du culte était confiné dans les églises
; il n'était en effet pas possible de s'assembler à plus de 20 personnes
sans autorisation de la police en dehors des temples, des articles du code
pénal interdisant toute vie de type associative ;
-
les pasteurs étaient payés par l'État,
malgré un système inégalitaire du fait que le gouvernement ne voulut d'abord
payer que les pasteurs responsables des consistoriales et qu'il fallut beaucoup
se battre pour que des Églises qui se développaient puissent bénéficier
de nouveaux postes pastoraux pris en charge par l'État.
2 - L'émergence des cultes non
reconnus
Il est bien évident qu'un tel système
ne pouvait satisfaire tous les réformés. Il fut la cause des premières manifestations
du séparatisme ecclésiastique qui, nous allons le voir, recouvrait des divisions
théologiques. L'historien Emile Léonard nous en donne un aperçu quand il conclut
de manière très mordante son livre sur l'Histoire ecclésiastique des réformés
français au XVIIIe siècle : " Fort heureusement pour les protestants de
France, tandis que l'Église officielle se mettait ainsi "au pas de la chose
publique" […] des communautés dissidentes ne croyaient pas devoir adapter leur
organisation et leurs activités au "refroidissement du zèle et de la piété"
mais rendre ce zèle et cette piété digne des libres et égalitaires institutions
d'autrefois. Méthodistes et piétistes de noms divers étaient ainsi, par la foi
comme par la constitution de leurs Églises, les véritables héritiers du Désert
"sous la croix"[…]. Les Églises réformées étaient devenues des Églises de notables.
Mais ces notables du début du XIXe siècle se laissèrent en grand nombre saisir
par le Réveil sorti des milieux dissidents. Et ce sont ces "grands laïques"
d'une piété profonde qui, à la tête des Sociétés, dans les Églises et dans le
monde redressèrent pour un siècle, avec les humbles et fidèles prédicateurs
laïques des villages huguenots, un protestantisme français digne de son histoire,
de sa tâche et de sa foi "(3).
Il y a, dans cette citation, outre un
peu d'emphase, beaucoup de choses, mais deux d'entre elles sont très importantes
et nous intéressent particulièrement ce soir : c'est, d'une part, le fait que
l'Église réformée de cette époque connaissait un " refroidissement du zèle et
de la piété " et c'est, d'autre part, le fait que ceux qui devaient contribuer
au réchauffement de ce zèle allaient le faire en dehors de l'Église officielle,
dans les sociétés du Réveil, et dans des Églises dissidentes de l'ERF, les deux
types entités s'influençant les unes les autres.
2-1- Les sociétés du Réveil
Était-ce possible autrement ? Concernant
les sociétés, il convient de préciser qu'elles ont été créées parce que leur
objet social, la diffusion de la bible, de la littérature religieuse, l'évangélisation
et la mission, pour ne parler que des plus importantes, ne pouvaient pas,
selon les articles organiques, être assumé par l'Église réformée. Ainsi les
sociétés du Réveil pallièrent le manque de possibilités d'action extérieure
de l'Église réformée. A priori ces sociétés n'étaient pas opposées à l'Église
réformée, car un certain nombre de leurs membres en étaient issus et prolongeaient
ainsi sa mission. Oeuvrant sur le front du témoignage extérieur, ces
Sociétés contribuaient ainsi à dynamiser l'Église réformée voire à la secouer,
elle qui était cantonnée aux activités intérieures du culte et de la catéchèse
à destination de leurs membres. Cette division du travail entre l'Église réformée
et les Sociétés eut néanmoins un double effet pour la vie du protestantisme
: d'une part, elle accentua un clivage théologique entre ceux qui, dans l'Église
réformée, se considéraient comme les garants de l'ordre et de la tradition
ecclésiale et ceux qui, dans les sociétés, portaient le mouvement et l'innovation
évangélique ; d'autre part, elle rendit ce clivage insupportable à certains
qui voulaient sortir du cadre imposé par les articles organiques, cadre qui
bridait, selon eux, l'Église réformée.
2-2- Les chapelles indépendantes
Aussi, après la Révolution de Juillet
1830 et l'avènement d'une monarchie constitutionnelle libérale, ces personnes
décidèrent-elles de quitter l'Église réformée et de fonder des chapelles indépendantes.
La plus connue de ces chapelles est celle de la rue Taibout à Paris, ouverte
en 1830. Plusieurs de ses fondateurs étaient, à l'origine, membres de l'Église
réformée : les pasteurs Frédéric Monod, Jean-Henri Grandpierre, Jean-Noël
Audebez le théologien Philippe Stapfer, les laïcs Agénor de Gasparin, Henri
Lutheroth et Frédéric de Coninck pour ne citer que les plus connus. Par ailleurs
ces hommes étaient tous membres des Comités des principales sociétés du Réveil.
Sur la porte de cette Église on pouvait lire l'écriteau : " Culte évangélique
non subventionné par l'État ". D'autres Églises avaient manifesté dès les
années 1830 leurs velléités séparatistes : celle d'Orthez (Baigts) qui doit
son origine en 1831 à la prédication du pasteur Henry Pyt de Bayonne venu
de Genève ; celle de la Nogarède près de St Foy-la-Grande ; celle de Bordeaux
en 1839 qui avaient connu une influence morave. À Lyon en 1832 était également
fondée une Église réformée évangélique indépendante par le pasteur Adolphe
Monod. Formé à Genève, ce pasteur de l'Église réformé, avait été révoqué par
le consistoire de Lyon pour avoir refusé, à la Pentecôte 1831, de donner
la sainte Cène à toute une assemblée jugée par lui " incrédule et profane
". Nommé en 1836 professeur à la Faculté de théologie de Montauban, Monod
redeviendra pasteur de l'Église réformée à Paris en 1849 après avoir refusé
d'entrer dans une nouvelle Union d'Églises réformées dont il faut dire ici
quelques mots.
2-3-L'Union des Églises Évangéliques
(Églises libres) (4)
La Seconde République de 1848 affirmait
dans sa Constitution que " chacun [pouvait] professer librement sa religion,
et recevoir de l'État, pour l'exercice de son culte, une égale protection
" (art. 7) et que " Les citoyens [avaient] le droit de s'associer et de s'assembler
" (art. 8). Une telle attitude pouvait-elle ouvrir de nouvelles perspectives
à l'Église réformée et lui permettre d'envisager une nouvelle organisation
des cultes en France ? En phase avec l'action en Suisse d'Alexandre Vinet
partisan d'une Église libre de ses liens avec l'État du canton de Vaud, certains
réformés français envisagèrent positivement la séparation des Églises et l'État
en France. Pour ce faire, il fallait convoquer une assemblée générale de ces
Églises qui serait la préfiguration d'un futur synode. Malheureusement pour
eux, l'Assemblée constituante décida de maintenir le régime concordataire
ce qui, bien évidemment, ne fut pas du goût des protestants les plus favorables
à la séparation alors que d'autres estimaient qu'on pourrait seulement demander
des aménagements du système concordataire. Une assemblée générale de
l'Église réformée fut alors convoquée en septembre 1848, en vue de préparer
un projet de réorganisation de l'Église réformée. Dans ce projet, les Églises
locales seraient dirigées par des consistoires particuliers, qui seraient
élus au suffrage universel. Le consistoire général n'aurait plus qu'un rôle
administratif. Le projet prévoyait par ailleurs la restauration de la synodalité
avec des synodes particuliers réunis tous les ans, et un synode général tenu
tous les trois ans. Selon la tradition, les membres de ces synodes seraient
désignés par les consistoires généraux.
Mais le vrai débat ne porta pas sur
les structures de la future Église réformée dont on savait déjà que le gouvernement
ne les accepterait pas, mais sur la confession de foi dont les plus chauds
partisans de la séparation, estimaient que c'était le seul critère d'appartenance
à la future Église réformée. Or sur ce point un triple clivage apparut dans
l'assemblée : un premier groupe majoritaire, de libéraux, ne voulut pas de
confession de foi parce que, selon lui, cela allait conduire l'assemblée à
des affrontements dogmatiques stériles diviseurs de l'Église ; le groupe des
évangéliques modérés qui considéra que la confession de foi de la Rochelle
suffisait mais qu'elle ne devait pas devenir un critère d'appartenance à l'Église
sinon l'on risquait de provoquer des exclusions ; le groupe des évangéliques
radicaux qui voulait une Église de professants dont le motif du rassemblement
n'était pas la confession de foi de la Rochelle, sujette à interprétations
diverses, mais le ralliement à une seule foi, celle en l'Écriture totalement
inspirée par Dieu et à son chef Jésus-Christ. Mis en minorité, les leaders
de ce dernier groupe, Frédéric Monod et Agénor de Gasparin quittèrent l'assemblée
et le 28 octobre 1848 et rédigèrent une Adresse aux membres de l'Église réformée
en vue de la constitution d'une union d'Églises réformées évangéliques indépendantes
de l'État et réunie autour de Jésus-Christ seul fondement qui puise être posé.
Cet appel provoque le ralliement de 22 pasteurs et de 10 laïcs, assez peu
somme toute, qui signent un appel au synode constituant de l'Union des Églises
Évangéliques de France qui se déroulera du 20 août au 1er septembre 1849 à
Paris en présence de 34 représentants d'Églises constituées ou en voie de
constitution. Outre qu'elle est une première, la création d'une Union
d'Églises séparée de l'État, cette création consacrait dans le monde réformé
une scission théologique entre deux camps, les libéraux et les évangéliques.
Elle ne recouvrait pas exactement partisans et opposants de la séparation
des Églises et de l'État, mais elle allait s'aggraver sur le plan théologique.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 de
Napoléon III, provoquera quelques modifications concernant l'organisation
des cultes protestants, mais ne restaurera en rien le régime synodal. Il faudra
attendre la fin du Second Empire, pour qu'après bien des hésitations, le gouvernement
décide, au printemps 1870, de réunir un synode de l'Église réformée de France.
Empêché par la guerre franco-prussienne, le synode réformé se réunira à Paris
en juin 1872. À cette date l'Union des Églises Évangéliques atteignait 45
Églises regroupant 3500 membres et n'allait plus guère progresser. C'est lors
de leur synode de Mazamet que l'Union changera de titre en se dénommant désormais
: Union des Églises Évangéliques libres.
2-4-La Section méthodiste de
l'Église du Christ en France et en Suisse (Églises méthodistes) (5)
L'Union des Églises Évangéliques, n'est
pas la seule création d'une Église protestante séparée de l'État.
Quelques années après cette création, c'était au tour des méthodistes de se
constituer en Église indépendante. Voyons comment cela s'est produit et quelles
relations les méthodistes ont entretenu avec l'Église réformée.
En septembre et octobre 1819, Charles
Cook, un missionnaire britannique méthodiste en France, fait une tournée dans
le Gard et l'Hérault au cours de laquelle il rencontre le pasteur réformé
de Nîmes, Samuel Vincent. Cook décide de s'installer à Caveirac fin 1821 et
pendant deux ans prêche dans une dizaine d'Églises. Selon le système méthodiste,
il établit quelques " classes ", c'est-à-dire des groupes bibliques
de 10 à 15 personnes sous la direction d'un conducteur laïc, dans la région
de Sommières. Puis il organise ces classes en Sociétés, c'est-à-dire en Église
locales, l'une à Sommières l'autre à Aiguevive, une autre encore à Vauvert.
Le préfet du Gard s'émeut des agissements du missionnaire étranger, mais les
consistoires concernés se disent plutôt favorables à Cook, car Vincent les
a rassurés. Mais l'orage éclate à la fin de l'année 1823, lorsque dans
sa revue Mélanges, Samuel Vincent s'interroge sur les intentions réelles
des méthodistes suite à la lecture qu'il a faite du Rapport de la Société
des Missions des Méthodistes-Wesleyens, pour l'an 1822 (6).
Il écrit : " Parmi les Sociétés chrétiennes de l'Angleterre, qui ont cru convenable
de nous envoyer leurs missionnaires pour nous communiquer la vie religieuse
qui les animaient elles-mêmes, celle des méthodistes-wesleyens est assurément
celle dont les communications pouvaient nous faire le plus de bien, et présentaient
le moins d'inconvénients. Leurs opinions sont, à très peu de chose près, les
mêmes que celles de la généralité des pasteurs de France, surtout quand ils
n'exagèrent pas les doctrines de la grâce, de manière à disposer les hommes
à une dangereuse exaltation. Leurs agents, que nous avons vus, sont des hommes
pleins de lumière et de douceur, qui ont, en général, procédé avec une extrême
prudence. Avec ces dispositions, leur présence au milieu de nous aurait pu
ne pas entraîner de graves inconvénients, en même temps qu'elle aurait
pu nous faire comprendre comment le christianisme peut et doit passer de la
croyance dans la vie de l'âme. J'ai toujours pensé que c'était là leur unique
but, jusqu'à la lecture du Rapport. Mais alors pourquoi chercher à nous faire
méthodistes-wesleyens ? Quel intérêt y a-t-il à réunir un certain nombre de
gens à une Église éloignée, qui ne se distingue par rien de particulier dans
son organisation et dans sa croyance, et qui n'a de vraiment remarquable que
cette vie religieuse que l'on peut trouver également dans notre organisation
et dans notre croyance ? […]. A quoi bon chercher à nous subdiviser, pour
créer au milieu de nous un petit corps, qui sera toujours insignifiant, et
qui ne différera du grand que par un nom, source trop ordinaire de fanatisme
d'un côté et de mépris de l'autre ? Ne vaudrait-il pas mieux se borner à redoubler
d'efforts pour vivifier la masse entière ? En d'autres termes, ne vaudrait-il
pas mieux travailler dans l'Église protestante, que d'en faire une autre ?
N'obtiendrait-on pas des effets plus grands et plus sûrs ? N'éviterait-on
pas les plus sérieuses résistances? Et l'ami de la religion, l'ami de l'Évangile
ne serait-il pas plus content de voir quinze cent mille protestants devenus
chrétiens du fond de l'âme et fortement unis par ce sentiment commun, que
de voir se former au milieu d'eux, des conciliabules, dont les membres réunis
composent un total de 133 personnes, en y comprenant ceux qui peuvent se trouver
à Gibraltar ? ".
Charles Cook répond à cet article,
dans le même volume des Mélanges, par un fameux texte de non séparatisme.
En effet Cook écrit : " Non Monsieur, notre dessein n'est pas de former une
Église méthodiste dans le sein des Églises réformées […] nos efforts ont constamment
pour but de vivifier la masse entière de ces Églises ; nous sommes persuadés
comme vous, qu'il vaut mieux travailler dans l'Église protestante que d'en
faire une autre, et nous serions plus contents de voir quinze cent mille protestants
devenir chrétiens au fond de l'âme, et fortement unis par ce sentiment commun,
que de voir se multiplier les noms qui séparent les chrétiens entre eux " (7).
Malgré cette déclaration de non séparatisme
de Cook, dès les années 1830, son but était de constituer une conférence méthodiste
française indépendante de celle de l'Angleterre. Mais cet indépendantisme
national se couplait d'un séparatisme ecclésiastique. Ainsi lorsque Cook consacre
trois évangélistes à Nîmes en 1838, alors que Vincent est mort un an auparavant,
le pasteur réformé Fontanès ne s'y trompe pas. Il écrit dans l'Évangéliste du 15 septembre 1838 que " ces consécrations ayant été faites sans aucune
participation du consistoire et des pasteurs de l'Église réformée, il existe
donc bien à Nîmes une autorité protestante qui prêche la parole de Dieu, qui
donne la communion, qui consacre des ministres et qui est indépendante du
Consistoire auquel la loi civile et la loi ecclésiastique confient la direction
des affaires religieuses de l'Église de Nîmes ". Et Cook n'en restera pas
là : en septembre 1852 à Nîmes, la conférence méthodiste française se constitue
en Église séparée de l'Église réformée sous le titre de " Section méthodiste
de l'Église du Christ en France et en Suisse, unie de principe aux sociétés
fondées par le Révérend Jean Wesley ". Pourquoi 1852 ? Parce que, comme je
vous l'ai laissé entendre, les décrets impériaux de 1852 ne modifient
pas le cadre des Articles organiques et ruinent l'espoir, né sous la IIe République,
de l'instauration d'une séparation des Église et de l'État. Les revivalistes
décident alors de s'organiser en unions d'Églises indépendantes ou libres.
Pourtant la loi ne les y autorise pas, mais une certaine tolérance religieuse
est de mise après la révolution de 1848. Mais si les méthodistes en France
sont en mesure de s'organiser ainsi en 1852, c'est qu'ils sont déjà implantés
dans le pays depuis près d'un demi-siècle : En 1852 l'Église franco-suisse
compte 821 membres communiants, alors que plus de 5000 personnes sont touchées
par l'œuvre missionnaire et scolaire ; 15 pasteurs sont à l'œuvre dans 10
implantations dont les plus importantes sont Nîmes, Anduze, Ganges et Nyons (8).
En fait Cook, comme Vincent d'ailleurs,
était favorable aux Églises libres et il pensait que si les Églises protestantes
de France adoptaient un jour ce statut, le problème du séparatisme
ecclésiastique serait résolu. L'Église réformée serait une Église libre, et
dans le cadre d'un synode, l'union de ces Églises pourrait se construire.
Comme nous le savons, il n'en fut rien et après la tentative synodale avortée
de 1848, le désintérêt du gouvernement impérial face à la question synodale
et le décret du 25 mars 1852 abrogeant la liberté religieuse affirmée par
la République de 1848, Cook manifesta sa volonté de créer une Église méthodiste
indépendante à la fois de l'État, de la Grande-Bretagne et de l'Église réformée.
Vincent n'était plus là pour assister à cette évolution qu'il redoutait autant
qu'il l'avait prévue…
Dans son ouvrage, Vues sur le protestantisme
en France, Vincent écrit : " À côté d'une Église constituée, qui compte
un ou deux siècles d'existence, il est à peu près impossible qu'il ne se forme
pas des associations composées des âmes profondément religieuses, qui ne trouvent
plus dans l'Église l'aliment dont elles ont besoin, et qui se réunissent pour
se nourrir mutuellement de leurs émotions. Ces associations cherchent à s'étendre
par tous les moyens en leur pouvoir, jusqu'à ce qu'elles s'asseyent, qu'elles
réglementent, qu'elles multiplient leurs formes, qu'elles s'éteignent, ou
qu'elles deviennent, à leur tour, une Église établie et chargée de formalités.
Si elles prennent assez de consistance pour en venir là, c'est une réformation.
L'introduction du Méthodisme en France n'est pas autre chose que le fait général
que nous venons de décrire " (9).
Nous voici donc, dans les années 1850
en présence de deux Églises, l'une dite évangélique, l'autre
dite méthodiste, qui sont toutes deux des Églises libres de leurs liens avec
l'État, sorties de l'Église réformée de France ou plus exactement constituées
de membres issus de l'Église réformée de France. Il faudrait d'ailleurs compléter
ce tableau par la description de l'avènement, dans le nord de la France dans
les années 1820, des premières communautés baptistes, mais je n'ai pas le
temps de traiter ce problème (10). La rupture de leurs
liens avec l'État n'est qu'une des causes de leur séparation d'avec l'Église
réformée : l'on voit bien que cette cause en cache une autre plus profonde,
qui relève à la fois de la théologie et de l'ecclésiologie. Pour ces séparatistes,
ce qui fait l'Église c'est non seulement l'adhésion personnelle de ses membres
à une confession de foi, mais leur capacité de la professer publiquement,
double geste qui signe leur appartenance volontaire à une Église. Ils s'opposent
à ceux pour qui cette adhésion et cette profession de foi ne sont pas nécessaires,
l'appartenance à l'Église étant plutôt un héritage et une affaire intime dont
je on n'a pas à rendre à compte. Pour les premiers, la confession de foi doit
être profilée bibliquement, c'est-à-dire christologiquement, alors que pour
les seconds, elle est dans le meilleur des cas, l'interprétation pour tous
de la foi des pères à laquelle il ne convient pas cependant de s'attacher
à la lettre. Le clivage entre ces deux positions est, au milieu du XIXe siècle,
très profond, d'autant plus profond que les deux camps qui les incarnent,
les évangéliques, bientôt désignés comme " orthodoxes ", par l'autre camp
libéral vont se radicaliser. Mais une dernière remarque s'impose à cet endroit
: s'il arrive que les deux camps se divisent en plusieurs Églises comme nous
venons de le voir, ces deux camps existent aussi à l'intérieur de l'Église
réformée encore liée à l'État, parce que certains réformés de
tendance " évangéliques " ne veulent pas la quitter, c'est le cas du pasteur
Adolphe Monod, parce qu'ils pensent qui l'Église réformée est aussi l'Église
de Jésus-Christ, et que dans des temps proches les évangéliques l'emporteront,
qu'il convient donc d'y rester pour, le cas échéant, la ré évangéliser, autrement
dit la réformer. Adolphe Monod sera suivi dans ce mouvement par d'autres.
3 - Le temps de la séparation
C'est pourquoi je vais maintenant situer
dans ce que j'ai nommé " le temps de la séparation " la suite de cette
histoire qui englobe deux événements importants touchant plus particulièrement
l'Église réformée de France : d'abord son synode de 1872 qui ne va cependant
pas permettre l'unification des deux tendances précitées ; ensuite la séparation
des Églises et de l'État de 1905 qui elle non plus ne va pas permettre l'unification
voire même aggraver la division en provoquant la création de deux puis de trois
unions d'Église réformées. Devant cette situation, pour ne pas
dire ce spectacle de la division, les autres Églises, libres, baptistes et méthodistes,
vont poursuivre leur existence autonome avant d'entrer à nouveau en dialogue
avec l'Église réformée au moment de sa réunification en 1938 qui fera l'objet
de notre 4e chapitre.
3-1-Le synode national réformé
de la division en 1872
En 1872, les réformés obtiennent enfin
du gouvernement la convocation d'un synode national. Comme dans l'assemblée
de 1848, ce synode examine la question de la séparation des Églises et de
l'État. Par un voeu adopté le 10 juillet 1872, il reconnaît que " le principe
de l'indépendance réciproque des Églises et de l'État devait être inscrit
dans le droit des sociétés modernes. Il se dit convaincu que l'Église réformée
de France était disposée à accueillir avec confiance, en ce qui la concerne,
la séparation d'avec l'État, quand les pouvoirs publics la jugeront nécessaire
pour tous les cultes. Il croit bon d'inviter les Églises à s'y préparer " (11).Comme en 1848 encore, le synode achoppe sur la
question de la déclaration de foi. Mais, contrairement à 1848, les
évangéliques, maintenant désignés comme orthodoxes, sont majoritaires. Ils
parviennent à faire adopter le 20 juin 1872 par 61 voix pour et 45 contre
une déclaration de foi rédigée par le professeur Charles Bois de la Faculté
de Montauban, déclaration devant être signée par les nouveaux pasteurs (vote
du 6 juillet : 62 voix pour, 39 contre). En substance, cette déclaration de
foi proclame : "l'autorité souveraine des saintes Écritures en matière de
foi et le salut par la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, mort pour
nos offenses et justifié pour notre justification ". Cette déclaration exacerbe
le conflit avec les libéraux. En quoi ces derniers étaient-ils opposés
à une telle déclaration ? Ils estiment qu'elle n'est qu'une formulation de
la foi parmi d'autres et qu'elle l'enferme dans des dogmes, ce qui ne permet
pas la liberté d'interprétation des Évangiles. En outre, selon eux, une telle
formulation ne peut permettre l'unité de tous les protestants qui doit se
fonder seulement sur un sentiment religieux commun les reliant à leur passé
et leur permettant d'affronter l'avenir. Les orthodoxes répliquent
qu'une Église protestante ne peut reposer sur une communauté d'aspirations
communes aussi vagues à quoi Bois ajoute : " Pour nous, il y a quelque chose
qui s'appelle la vérité et quelque chose qui s'appelle l'erreur. Il nous est
impossible d'accepter l'union des contraires " (12).
Le 26 juin, les orthodoxes obtiennent encore gain de cause sur certaines conditions
confessionnelles de l'électorat paroissial par 77 voix pour et 24 contre :"
sont électeurs tous ceux qui déclarent rester attachés de cœur à l'Église
protestante réformée de France et à la vérité révélée telle qu'elle est contenue
dans les livres sacrées de l'Ancien et du Nouveau Testament ".
Au terme d'une seconde session synodale
fin 1873, amputée de ses délégués libéraux, ces derniers contestent ses décisions
et font appel au Conseil d'État pour qu'il les suspende. Mais les temps avaient
changé : en convoquant un synode en 1872, le gouvernement de l'époque pensait
avoir évité de se mêler des problèmes internes aux réformés. Voyant qu'une
fraction de réformés se plaignait à lui, il ne remit pas en cause la légitimité
du synode de 1872-1873 mais renonça à en convoquer un nouveau, en s'en tenant
à la pratique des articles organiques. Désormais, si les réformés désiraient
à nouveau convoquer un synode, celui-ci serait " officieux ". Tel fut le cas
à partir de 1879 et jusqu'à la séparation des Églises et de l'État de 1905,
mais désormais orthodoxes et libéraux n'allaient plus se réunir ensemble et
tenir des assemblées séparées.
Dans le courant des années 1870, les
réformés se trouvaient donc dans une situation délicate. Favorables
à la séparation des Églises et de l'État, mais minés par leur différent doctrinal,
les réformés faisaient passer la question de la séparation au second plan.
Elle ne devait revenir à l'ordre du jour que dans 4 des synodes officieux
de l'Église réformée sur les 21 tenus au cours des années 1880-1881 après
il n'en est plus question jusqu'en 1902 (13). Mais le
mouvement de séparation des Églises et de l'État qui était au programme des
républicains définitivement installés au pouvoir en 1879, était en
marche. Divisés, les protestants en général et les réformés en particulier,
abordaient cette période dans des conditions difficiles.
3-2-Les effets diviseurs de la
séparation des Églises et de l'État de 1905
c'est dans ce contexte d'adversité
interne qu'une nouvelle tentative de réunification des réformés voit le jour
: en 1896 une conférence fraternelle est créée qui porte bien son nom puisqu'elle
rassemble des pasteurs de l'aile libérale et de l'aile orthodoxe ; elle est
tolérée par l'État et devient l'organe de liaison avec le ministère des cultes
notamment pour le re-déploiement des postes pastoraux. Quelques années avant
la séparation, le gouvernement lui confiera le soin de faire l'inventaire
des biens ecclésiastiques. À coté de cette structure officieuse et entre les
deux Églises, l'une orthodoxe et l'autre libérale, un troisième groupe apparaît
à la fin des années 1890 intitulé Commission d'action protestante évangélique
sur le terrain moral et social ; elle est composé de pasteurs " non alignés
" en quelque sorte dont les leaders, Élie Gounelle et Wilfred Monod, viennent
du christianisme social. Ils avaient le souci que les querelles ecclésiastiques
et théologiques ne prennent pas le dessus du témoignage de l'Église et de
l'action diaconale dans la société (14). Mais une fois
encore, cette réunion n'aboutit pas à ce que certains souhaitaient, à savoir
une assemblée délibérative unique des réformés, autrement dit un synode
général, car chacun savait que les uns réclameraient une confession de foi
et que les autres ne seraient pas d'accord de la signer.
Une autre tentative de réunification
des protestants doit retenir notre attention, c'est le projet d'une Fédération
protestante de France élaboré début 1904 par des délégations réformées,
orthodoxe et libérale, des représentants, méthodistes et libres. Paradoxalement
ce projet raviva l'opposition des libéraux à ce projet. Les orthodoxes, eux,
avaient compris que le rapprochement général des protestants ne se ferait
pas sur un plan doctrinal, plan sur lequel ils se situaient pourtant constamment.
Ils avaient pris leur parti de la séparation des protestants entre eux et
la Fédération envisagée ne serait pas, selon eux, une super Église mais seulement
la " fédération des possibles ", c'est-à-dire la réunion des Églises telles
qu'elles étaient sans fusion ni de la discipline, ni de la liturgie, ni de
l'organisation. C'était plutôt la défense des intérêts communs du protestantisme
et le rapprochement avec les œuvres qui paraissaient aux orthodoxes la seule
chose possible de faire. Or les libéraux dont on pouvait attendre que ce projet
leur convienne, estimèrent que c'était mettre le schisme au cœur de la future
Fédération et ne le soutinrent pas. En fait, ils exprimaient leur crainte
de voir le groupe réformé orthodoxe dominer la Fédération ? Les libéraux étaient
favorables à un projet qualifié de " conciliateur " plutôt que " fédérateur
", mais croyaient-ils vraiment un tel projet possible ? On peut en douter.
Aussi, au cours de l'année même du
vote de la loi de séparation, assiste-t-on à l'échec de toutes les tentatives
d'union des Églises réformées. En février 1905, à la veille de la tenue de
leur dernier synode avant la séparation à Reims, les orthodoxes lançaient
un " Appel à la fidélité " basé sur quatre principes : l'adoption de la déclaration
de foi du synode de 1872, celle du régime presbytérien-synodal, l'exclusion
de tout esprit de controverse et de polémique et l'interdiction de constituer
des partis ou des tendances en son sein, la création d'une fédération
de défense des intérêts communs de toutes les branches du protestantisme.
L'appel reçut près de 650 signatures. De leur côté, les libéraux répliquaient
en lançant une " Déclaration pour la paix protestante " basée sur trois idées
: le maintien de la continuité de l'Église réformée autour de son patrimoine
commun, l'esprit de paix et d'unité de Jésus, l'acceptation de concessions
mutuelles pour résister au cléricalisme et à l'irréligion. Cette déclaration
recueillera près de 1000 signatures. On voit bien, entre les deux déclarations,
que l'orthodoxe souhaitait une union fédératrice des protestants et la libérale
une union conciliatrice.
Le Synode orthodoxe officieux de Reims
de mai 1905 vota, d'une voix de majorité seulement, une résolution demandant
que tous les réformés soient convoqués après le vote de la loi de séparation
afin de voir s'il était possible de constituer une union d'Églises réformées
à condition que chacune garde son autonomie religieuse, administrative et
financière. Un vent unitaire semblait souffler à nouveau, que l'assemblée
générale des Églises réformées libérales de novembre 1905 à Montpellier semblait
vouloir amplifier, quand une seconde et dernière session du synode officieux
convoqué à Orléans en janvier 1906 repoussa le projet de convocation de cette
fameuse assemblée générale des réformés après que les unions d'Églises aient
été, chacune, constituées selon la loi de séparation. La direction orthodoxe
" dure " avait donc repris ses troupes en main. Cette décision provoqua la
démission de la Commission permanente des deux leaders chrétiens sociaux,
les pasteurs Wilfred Monod et Élie Gounelle. La direction orthodoxe convoqua
les 6 et 7 juin 1906, à Montpellier, un premier synode de l'" Union des Églises
Réformées évangéliques " dont ils avaient déposé les statuts selon la loi
de séparation des Églises et de l'État. La confession de foi de 1872 était
obligatoirement insérée dans les statuts des associations cultuelles.
Devant cette situation, qu'ils avaient
vu venir, les libéraux s'étaient organisés de leur côté selon le statut de
la loi de 1905 en convoquant aux mêmes dates que les orthodoxes (6-7 juin
1906) une assemblée constituant les " Églises réformées unies " Il sera suivi
d'un synode national l'année suivante.
Restaient les " non-alignés ", les
amis de Monod et de Gounelle. Plutôt orthodoxes, mais choqués de la décision
jugée autoritaire, ecclésialement et doctrinalement, de la Commission permanente
de l'Église réformée évangélique, ils convoquèrent le 11 juin 1906 leurs amis
à Rouen et jetèrent les bases d'une troisième union d'Églises qui se constitua
à Jarnac du 24 au 26 octobre 1906 et prit le nom d'" Union nationale des Églises
réformées ". Cette troisième union ne se voulait pas une 3e Église. Pour le
signifier elle insistait sur l'autonomie des associations cultuelles et surtout
donna la possibilité de la double appartenance avec l'une ou l'autre des unions
d'Églises. Les Églises réformés évangéliques (orthodoxes) n'admirent pas cette
double appartenance contrairement aux Églises réformées unies (libérales).
En 1912, constatant que pratiquement la moitié des Églises du mouvement de
Jarnac étaient également membres de l'Union libérale, les deux Unions fusionnèrent
sous le nom de l'" Union des Églises réformées ".
Comment évaluer un tel effet séparateur
des réformés occasionné par la séparation des Églises et de l'État de 1905
? Selon l'historien Daniel Robert : " Ces faits de 1905-1906 laissent une
impression de tristesse […] impression de bien des occasions manquées […]
impression de meilleures intentions qui ont parfois donné des résultats fâcheux
" (15), Robert considère néanmoins que le mouvement
de Jarnac, même s'il fut de courte durée, avait été porteur d'" un esprit
neuf ", d'" un germe d'avenir " (16). Pour l'historien
André Encrevé, la réunion en 1912 de l'Union libérale et de l'Union de Jarnac
fut même un signe de ralliement des libéraux à la déclaration de principe
de Jarnac (17). Celle-ci appelait les Églises à clore
l'ère des polémiques, à la repentance, au réveil spirituel, à l'évangélisation
et à l'œuvre missionnaire, au renouveau théologique et à la réforme sociale.
Les deux historiens estiment que c'est en 1938, avec la reconstitution de
l'Église réformée de France dont je vais parler pour finir, que ces principes
entreront en vigueur.
4 - L'unité retrouvée : la restauration
de l'unité réformée en 1938
À la veille de la 1ère Guerre mondiale,
alors que la Fédération protestante de France tenait sa première assemblée générale
à Nîmes en 1909, le protestantisme français de souche réformé était divisé avec,
d'un côté, Union des Églises réformées évangéliques (de tendance orthodoxes)
et de l'autre l'Union des Églises réformées (de tendance libérale). Quant aux
autres Églises, libres, méthodistes, baptistes, issues de l'Église réformée,
elles continuaient leur chemin, chacune de leur côté.
4-1-Quelques événements précurseurs
de l'unité
Quels sont les événements du XXe siècle,
tant internes qu'externe au christianisme qui vont conduire ces Églises à
tenter, une fois encore, leur réunification à partir des années 1930. Là encore
je n'ai pas le temps d'approfondir ce sujet, je me contenterai d'énumérer
ces événements :
En premier lieu, il y eut la guerre
de 1914-18. A priori un tel drame (près de 10 millions de morts et autant
d'invalides en Europe) n'a pas affecté plus les Églises que les autres communautés
humaines du continent. Elle fut néanmoins, aux yeux du monde, le signe fort
de la faillite de la civilisation occidentale dite chrétienne. Devant une
telle faillite, les divisions des chrétiens ne faisaient-elles pas pâle figure,
mais surtout ne devaient-elles pas être dépassées en vue d'un sursaut de la
civilisation occidentale ? Outre le fait que la guerre ait pu rapprocher,
dans les tranchées, des hommes qui ne se parlaient plus, on ne peut nier qu'un
tel cataclysme ait contribué à la reconstruction de l'unité chrétienne.
En 1910, s'était tenu à Edimbourg la
première conférence universelle des missions et les quelques délégués des
Églises des pays de mission présents à cette assemblée pressaient les Églises
protestantes et anglicanes qui leur avaient envoyé des missionnaires de ne
pas exporter leurs divisions dans leur pays, divisions qui constituaient à
leurs yeux un contre témoignage rendu à l'Évangile. Quand une nouvelle conférence
missionnaire se réunit après la Guerre à Jérusalem en 1928, l'appel à l'unité
des chrétiens des délégués des pays de mission était encore plus pressant.
D'ailleurs en 1925 à Stockholm puis en 1927 à Lausanne, deux conférences avaient
réunis plusieurs centaines de délégués des Églises protestantes et anglicanes
du monde entier pour réfléchir à leur unité ; plusieurs pasteurs et laïcs
réformés français y avaient participé. C'était donc le début du mouvement
œcuménique, d'abord inter protestant, mais qui devait aller en s'amplifiant
jusqu'à la création du COE en 1948. L'impact en France de la conférence de
Lausanne de 1927 qui prônait une méthode directe de négociation entre
les Églises de même confession sur des questions de doctrine et de constitution
d'Église, eut aussi un impact sur les Églises réformées.
Un troisième facteur doit être évoqué,
c'est le changement du climat théologique en Europe avec le dépassement du
conflit entre orthodoxes et libéraux du fait de l'impact en France des écrits
du théologien Karl Barth. En 1933 paraît en français, traduit de l'allemand
par le pasteur réformé Pierre Maury, le livre de Karl Barth, Parole de
Dieu et parole humaine (18). Cet ouvrage remettait
l'enseignement biblique et la prédication au centre de l'édification de l'Église,
mais en dépassant ce qui avait fait le lit du conflit entre orthodoxe et libéraux
à savoir : l'histoire du peuple de la Bible comme un déroulement, la Bible
comme livre de réponses à tout, comme manuel d'exemples et d'instruction morales,
le lieu de révélation de la vraie religion soumise à interprétation de l'homme.
" Le contenu de la Bible, écrit Barth, ne consiste pas dans les justes conceptions
que l'homme se fait de Dieu, mais dans les justes opinions que Dieu a de l'homme.
La Bible ne nous dit pas comment nous devons parler à Dieu, mais bien ce que
Lui nous dit; elle n'indique pas comment nous trouverons le chemin qui conduit
à Lui, mais comment Il a cherché et trouvé son chemin vers nous; elle ne parle
pas de la vraie relation que nous devrions établir entre Lui et nous,
mais de l'Alliance qu'il a conclue avec tous ceux qui sont fils d'Abraham
dans la foi, et qu'il a scellé une fois pour toutes en Jésus-Christ " (19).
Bien que vu par les libéraux comme une néo-orthodoxie du fait de sa forte
christologie, l'impact de la théologie de Barth fut considérable sur la jeune
génération de pasteurs réformés français des années trente. De plus
cette théologie émergeait au moment où l'Allemagne versait dans le nazisme
et où l'Église confessante, lors du synode de Barmen en 1934, adoptait une
confession de foi où l'affirmation de la seule seigneurie du Christ signifiait
le refus de la domination du Führer Hitler qui se présentait comme
un nouveau messie pour le peuple allemand humilié par la défaite de 1914-18
et miné par la crise sociale et le chômage.
Ainsi donc, les menaces mondiales qui
pèsent sur l'Occident (la 1ère Guerre, la montée des fascismes), l'avènement
de l'œcuménisme, le renouveau de la pensée théologique avec Barth, devaient-ils
être des facteurs favorables à la reprise des pourparlers entre réformés.
Voyons comment ils ont été conduits.
4-2-Vers la restauration de l'unité
réformée
En juin 1933 les synodes nationaux
des deux Églises réformées échangeaient un courrier qui conduisit à la mise
en place, en octobre, d'une Délégation mixte de dix personnes en vue de rechercher
en commun les conditions d'une restauration de l'Église réformée dans son
unité. La délégation mixte tiendra 21 sessions entre décembre 1933 et octobre
1938, sessions suivies à chaque fois d'une assemblée plénière chargée d'enregistrer
les résultats pour le compte de chaque Église. Dès le début de ses réunions,
la Commission mixte envisageait d'associer à ses travaux des membres des autres
Églises, libres et méthodistes. Ceux-ci la rejoindront en 1936 alors qu'un
projet de déclaration de foi avait été déjà mis au point. Son travail aboutira
à la tenue, en avril 1938 d'une assemblée constituante de l'Église réformée
que les synodes régionaux devaient approuver avant la tenue du synode national
constitutif de la nouvelle Église Réformée de France. Celui-ci se réunira
les 12-15 décembre1938.
Retraçons, dans ces grandes lignes
les étapes du travail de la Commission mixte : dans une première étape qui
va durer de 1933 à 1935 on met au point le texte d'une déclaration de foi
devant être à la base de l'identité de la future Église réformée de France.
Sur deux points essentiels cette déclaration diffère de celle de 1872 :
-
premièrement la place et la fonction
de la Confession de la Rochelle qui était absolutisée dans la Déclaration
de 72 est relativisée dans celle de 38, puisqu'elle est considérée comme
l'une des expressions successives de la foi.
-
deuxièmement l'autorité souveraine
des Écritures qui, en 72, était définie " en matière de foi " est, en 38,
" fondée sur le témoignage intérieur du Saint-Esprit " et vue comme " règle
de la foi et de la vie ", Cette différence est importante puisqu'elle touche
au statut de la Bible dont on admet qu'elle fait l'objet d'interprétation…
à la lumière du Saint-Esprit, bien sûr !
Si la Délégation mixte en était restée
là, on peut dire que des concessions acceptables de part et d'autres avaient
été faites, Les orthodoxes admettant que la confession de foi de la Rochelle
n'était pas leur seule référence en matière de foi et que les Écritures pouvaient
être interprétées à la lumière du Saint-Esprit, alors que les libéraux admettaient
le principe même de l'adoption d'une déclaration de foi et que l'interprétation
des Écritures n'était pas soumise au seul libre examen. Mais la délégation
mixte voulut aller plus loin et, dans une deuxième étape de son travail, réfléchit
à une formule d'adhésion personnelle des pas-teurs à la déclaration de foi,
formule devant être ajoutée à la liturgie de leur consécration.
4-3- Ceux pour lesquels l'unité
fut impossible
Pour certains, comme les pasteurs Edmond
Ponsoye et Jules Vinard, le préambule était une concession au vieux libéralisme
désireux de relativiser la déclaration de foi et ainsi de l¹affaiblir. Leur
démission, lors d'une séance dramatique de la Délégation mixte en no-vembre
1936, ravivait un vieux clivage entre libéraux et orthodoxes. Elle précipita
dans l'opposition au projet de réunification de l'Église réformée deux franges
de réformés évangéliques, les uns regroupés depuis 1920 dans L'Union des chrétiens
évangéliques, qui voyaient dans le principe même de la réunification des réformés
un esprit de confusion, et les autres regroupés depuis 1935 dans l'Entente
évangélique, qui critiquaient systématiquement les travaux de la Délégation
mixte. Ces évangéliques désiraient s'en tenir à la déclaration de foi de 1872
et ne pas y ajouter de préambule. Les 23 et 24 août 1938, ils convoquaient
à Saint-Jean du Gard un synode constituant d'une union d'Église désireuse
de maintenir l'identité de l'Église réformée évangélique : 54 associations
cultuelles et 37 pasteurs essentiellement situés dans les Cévennes et quelques-unes
dans le Tarn en Languedoc et en Provence, devaient ainsi, après la constitution
de l'Église réformée de France, prendre le nom d'Église évangélique réformée
indépendante (EREI) (20). Les 22 et 23 novembre 1938,
dans la même cité, le synode de l'Union des Églises évangéliques li-bres votait
à 43 voix pour le maintien de leur union et 33 pour leur adhésion à la future
ERF (21). En fait la moitié des Église libres adhèreront
à l'ERF, l'autre moitié se maintien-dra dans l'UEEL.
Quelques mois auparavant, en avril
1938 à Lyon, une assemblée constituante de l'Église réformée recevait les
travaux de la Délégation mixte et les soumettait à l'approbation des synodes
régionaux des deux unions d'Églises réformées. Une fois adoptées par les synodes
régionaux ces décisions étaient approuvées par le synode national constitutif
de l'Église réformée de France tenu dans l'église du Saint-Esprit à Paris
du 12 au 15 décembre 1938 là où le synode de 1872 s'était déjà réuni. L'Union
nationale des Associations cultuelles de l'Église réformée était née. Dans
l'année qui suivit, le synode de l'Église méthodiste du 19 au 29 juin 1939,
votait aussi à une plus nette majorité l'adhésion à l'ERF, deux tiers des
Églises entreront dans l'UNACERF, alors que l'autre tiers, essen-tiellement
situé dans le sud-est de la France, se maintenait comme Église Méthodiste
en France.
Conclusion
Même si la réunion des réformés en 1938
n'a pas été totale - alors que demeurent des blessures liées au déroulement
du processus même de réunification et même si, depuis 1938, d'autres possibles
divisions sont apparues au sein de l'Église réformée, et même si d'autres familles
protestantes se sont développées ou ont surgi dans le paysage protestant français,
la dynamique de 1938 demeure pour l'Église réformée de France celle qu'il convient
de poursuivre. Les synodes régionaux de l'ERF de 1994 avaient même imaginé,
pour poursuivre cette dynamique, qu'on réactualise la déclaration de foi de
1938, certains en la reformulant d'autres en la commentant en langage courant.
Le Conseil national n'engagea pas l'ERF dans une réécriture de la déclaration
de foi, mais invita les Églises à travailler à son appropriation personnelle
et communautaire et engagea une réflexion sur la notion de membre d'Église,
et sur une liturgie commune pour l'ERF.
Il me semble qu'il faut aujourd'hui continuer
de prendre prétexte de cette déclaration de foi pour toujours mieux exprimer
notre foi, dans l'Église bien sûr, mais également dans l'espace public. C'est
la raison d'être d'une Église et le meilleur garant de son unité.
C'est pourquoi je voudrais souligner
pour finir trois fonctions que la déclaration de foi peut avoir :
-
une première fonction liturgique :
tel est l'usage des confessions de foi qui dit et redit inlassablement ce
que croit l'Église en réponse à l'annonce de la grâce de Dieu en Jé-sus- Christ
sur elle
-
une seconde fonction catéchétique
: ainsi les grandes confessions de la foi chrétienne ont une fonction normative,
non pas comme la norme des normes, ce qui est le rôle des Écritu-res, mais
comme autorité normative de notre parole subordonnée aux Écritures disant
com-ment l'Église lit et reçoit les Écritures et quel est le centre de ces
Écritures ;
-
une troisième fonction est une fonction
de témoignage et de service qu'il s'avère né-cessaire d'activer quand les
circonstances l'exigent : tel fut le cas des Déclarations de foi de Barmen
en 1934 pour l'Église confessante d'Allemagne, face au nazisme, de l'ERF en
1938 face à la division de la famille réformée, d'un certain nombre de confessions
de foi venant des pays du sud quand l'oppression se fait sentir. D'où une
question : quel serait aujourd'hui la pointe de notre confession de foi réactualisée
?
Malgré la distinction de ces trois fonctions,
on voit bien que chacune d'elle peut traverser toute confession de foi. Ainsi
la Déclaration de foi de 1938 a-t-elle une configuration liturgique, elle s'ouvre
par une action de grâce et se termine par une doxologie. Elle a également une
fonction doctrinale puisqu'elle explicite et préserve les grands principes de
la Réforme : la gloire du seul Dieu, le salut gratuit par le moyen de la foi
en Jésus-Christ, les Écritures seules. Enfin, elle comporte un volet apostolique
important qui rappelle aux Églises de la Réforme, qu'il convient de se penser
comme Église réformée dans la communion universelle des Églises et de s'engager
dans le monde profane. Du fait qu'elle est lue au début de certains cultes solennels,
la Déclaration de foi accrédite l'idée qu'elle est un acte public. Non seulement
pour dire au monde quelque chose de l'identité réformée, mais pour affirmer
notre identité reçue de Dieu lui-même.
-
Sur cette histoire, cf. les ouvrages
désormais classiques de Samuel MOURS, Le protestantisme en France au sei-zième
siècle, Paris, Librairie protestante, 1959 et Samuel MOURS et Daniel ROBERT,
Le protestantisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Librairie
protestante, 1972
-
Le texte des Articles organiques des
cultes protestants se trouve dans Daniel ROBERT, Les Églises réformées en
France (1800-1830), Paris, PUF, 1961, p.69 et s. Cet ouvrage est aussi un
classique de l'histoire du protestantisme français au début du XIXe siècle,
très solidement documenté. Voir également : André ENCREVÉ, Les protestants
en France de 1800 à nos jours. Histoire d'une réintégration, Paris, Stock,
1985.
-
Paris, Fischbacher, 1940, p.237.
-
Cf. Claude BATY, Les Églises Évangéliques
libres, 1849-1999, La Bégude de Mazenc, Édition Spéciale LLB, 1999.
-
Cf. Théophile ROUX, Le méthodisme
en France, Paris, Librairie protestante, 1941. Pierre SOGNO, Les débuts du
méthodisme wesleyen en France, 1791-1825, Thèse pour le doctorat de 3e cycle,
Paris, Sorbonne, 1970.
-
Londres, 1823, in 8°.
-
Samuel VINCENT, Mélanges de religion
de morale et de critique sacrée, Nîmes, Gaude, 1820- 1824, T. 8, p.146.
-
La mission méthodiste a réellement
débuté en 1818 avec l'arrivée à Caen du premier missionnaire méthodiste anglais,
Charles Cook (1787-1858) qui, avec ses deux fils Emile (pasteur) et Jean-Paul
(pédagogue), vont profondé-ment marquer le protestantisme français. Jean-Paul
sera notamment le fondateur de la Société des Écoles du Diman-che en 1852.
-
Samuel VINCENT, Vues sur le protestantisme
en France, Paris/Genève, Serviers, Treuttel et Wurtz, Ballimore / Ge-nève,
Cherbulez, 1829, T.II, p.260-261.
-
Cf. Sébastien FATH, Une autre manière
d'être chrétien en France. Socio-histoire de l'implantation baptiste (1810-1950),
Genève : Labor et Fides, 2001 (Première partie, Chap. I et II).
-
XXX e Synode général de l'Église réformée
de France, Procès-verbal et actes, Paris, 1873, p.385
-
Charles BOIS cité par André ENCREVÉ,
" Évangéliques et libéraux au Synode de 1872 " in Jean BAUBÉROT (sous la dir),
Vers l'unité pour quel témoignage ? La restauration de l'unité réformée (1933-1938),
Paris les Bergers et les Mages, 1982, p.46.
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Cf. Patrick HARISMENDY, " Les protestants
face à la Séparation ", dans Jean-Pierre CHANTIN et Daniel MOULINET, La Séparation
de 1905. Les hommes et les lieux, Paris, L'Atelier, 2005, p.126.
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Dans la terminologie de l'époque,
les orthodoxes constituaient l'aile " droite " de l'Église, les libéraux l'aile
" gauche ". Entre les deux, naquit le " centre droit " modéré (Gounelle-Monod),
mais plus proche théologiquement des orthodoxes que des libéraux. Cette terminologie,
alors en usage, ne recoupe pas les clivages droite/gauche du monde politique.
Afin de ne pas embrouiller les esprits, je vais éviter d'utiliser cette terminologie
aujourd'hui désuète.
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Daniel ROBERT, Le protestantisme en
France du XVIIIe siècle à nos jours, op.cit., p.354.
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Émile G. LÉONRAD, Histoire générale
du protestantisme, T.III. Déclin et Renouveau, Paris : PUF, 1964, p.564. Jean
BAUBÉROT, " Problèmes du protestantisme français face à la séparation des
Églises et de l'État ", Études théolo-giques et religieuses, 47, 1972/3, p.312.
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André ENCREVÉ, Les protestants en
France de 1800 à nos jours, op.cit., p.125 et s.
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Paris, Les Bergers et les Mages, 1933.
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Karl BARTH, Parole de Dieu & parole
humaine, Paris : Les Bergers et les Mages, édition de 1966, p.36.
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Cf. - Richard GOSSIN, " Ceux qui ont
dit "non" : les Églises réformées évangéliques indépendantes ", in Jean BAUBÉROT
(sous la dir), Vers l'unité pour quel témoignage ? La restauration de l'unité
réformée (1933-1938), op.cit., p.309-335. - Maurice LONGEIRET, Les déchirements
de l'Unité. Essai sur l'histoire de la réunification des Églises réformées
en France, 1938, Cléon-d'Andran, Excelsis
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Cf. Claude BATY, Les Églises Évangéliques
Libres, 1849-1999, op.cit., p.223-224.
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