Eglise réformée de Valréas - St-Paul-Trois-Châteaux

Cycle de conférences : "Protestants réformés, qui sommes-nous ?"

Des divisions du XIXe siècle à l'ERF des années 2000

Jean-François Zorn

Professeur d'histoire du christianisme à l'époque contemporaine

A l'Institut Protestant de Théologie, Faculté de Montpellier

Vendredi 18 novembre 2005

Introduction

Si l'on jette un regard rétrospectif sur le protestantisme français au cours des deux siècles écoulés (1800-2000) une chose frappe : l'Église Réformée de France demeure, en tout cas dans la grande partie du pays, hormis quelques départements de l'est de la France où le luthéranisme est implanté depuis la Réforme, l'ERF demeure l'Église protestante la mieux identifiée, la mieux reconnue, même si, ne nous leurrons pas, l'image du protestantisme en France reste floue pour la majorité de nos contemporains. C'est que le protestantisme est une petite famille spirituelle et, dans cette famille, l'Église réformée tient aujourd'hui une place modeste. Pourtant, elle tient une place particulière que personne ne peut lui disputer : d'une part, c'est la plus ancienne des Églises protestantes en France, c'est en effet la première Église née de la Réforme en 1559 (date de son premier synode national), d'autre part, c'est d'elle que sont sorties la plupart des autres Églises, soit en ligne directe donnant naissance à d'autres Églises de type réformé, soit indirectement par scission de personnes ou de groupes donnant naissance à des Églises d'une autre dénomination (libriste, méthodiste, baptiste), de sorte que l'Église réformée a connu, et connaît encore, la plupart des soubresauts de la famille protestante en France. Cela ne lui donne aucun droit, aucun pouvoir sur les autres, même pas celui de l'antériorité, mais lui assigne néanmoins une place originale et néanmoins difficile à tenir : celle d'être l'Église dans laquelle on vient, de laquelle on sort, dans laquelle on revient, sur laquelle on tape quelquefois mais à laquelle finalement beaucoup témoignent leur attachement.

Jusque là, tout ce que je vous ai dit peut vous sembler n'être que des impressions, subjectives donc. Or je voudrais étayer ces dires par quelques considérations objectives d'historien qui vont consister à vous raconter l'histoire de la famille réformée française depuis deux siècles. En vous montrant que beaucoup de cette histoire - et de ces histoires - partent de l'Église réformée et y reviennent, je n'entends cependant pas opter pour une position, très soupçonnable pour un protestant, qui consisterait à dire que l'unité du protestantisme français doit se faire autour de l'Église réformée ; je voudrais simplement vous rendre attentif au fait que, fort d'expériences d'union et de désunion, nous devrions, nous réformés, pouvoir trouver ensemble un modèle d'unité spécifique nous permettant de vivre ensemble notre foi en tenant compte de ses diverses expressions, diversité à verser au compte de nos richesses plutôt que de nos misères.

1 - Quand l'Église réformée était un culte reconnu

 

1-1-Bref rappel historique

Je ne vais pas vous parler de l'Église réformée en France depuis ses origines, sinon une seule soirée n'y suffirait pas. Mais comme j'ai évoqué le synode fondateur de l'ERF en 1559, je veux repartir de cet événement - le synode national - qui est l'un des moments fondateurs de notre union d'Église locales ; en effet c'est lui, le synode, qui dit la doctrine (c'est-à-dire la confession de foi) et la discipline (c'est-à-dire la règle de vie commune) au nom de et pour ces Églises locales. Cela signifie que lorsque notre Église est empêchée de se réunir en synode, son existence est menacée à un certain niveau, celui précisément de son unité et de sa communion. Certes un synode n'est rien sans les Églises locales, ces congrégations dont l'Évangile annoncé et les sacrements (baptême et cène) célébrés sont le fondement. Mais, nous allons le voir, si l'Église réformée est réduite au niveau de ses congrégations locales sans liens entre elles, le risque est grand que, non fécondées par leur union et leur communion, ces congrégations se replient sur elles-mêmes, soient soumises à des tendances théologiques dominantes contre d'autres qui sont minoritaires, et surtout à des jeux de pouvoir personnels. D'ailleurs le pouvoir politique en France le savait fort bien. Il n'eut de cesse, à cause évidemment de son lien privilégié avec l'Église catholique, d'empêcher les synodes régionaux et nationaux de se réunir. Le dernier se réunit à Loudun en 1659. Avec la Révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV, en 1685, s'en était fini de la vie synodale au grand jour et celle-ci ne se reconstitua que deux siècles plus tard avec le synode national de 1872 sur lequel je reviendrai. Pendant plus de deux siècles, de 1659 à 1872 donc, les Églises réformées furent empêchées de se réunir en synodes. Bien sûr, il y eut, à partir des années 1720, des synodes clandestins tenus au Désert ; mais avec un corps pastoral formé à l'étranger et constamment dispersé face à une police qui surveillait les assemblées, les surprenait quelquefois et les dispersait, ce n'était pas une situation normale pour une Église qui doit pouvoir être au bénéfice de la paix civile, ce qui ne veut pas dire qu'elle doit être une Église officielle(1).

1-2-Le régime des cultes reconnus appliqué à l'Église réformée de France

Alors justement, je voudrais faire partir mon parcours historique de ce temps où l'Église réformée de France, comme d'ailleurs les autres Églises, catholique et luthérienne et le culte juif, ont bénéficié de la reconnaissance de l'État français. C'était en 1802, grâce au Concordat que le pape et Napoléon Bonaparte avaient signé et les articles organiques qui en découlaient pour chacun des cultes que je viens de citer, que l'Église réformée de France a obtenu le statut de culte reconnu. C'était un incontestable commencement, ou recommencement pour l'Église réformée après un XVIIIe siècle de persécutions au début, de tracasseries au milieu du siècle, de tolérance à la fin du siècle et cette reconnaissance au début du XIXe siècle.

Mais qu'ont obtenu les réformés par les articles organiques ? Ces articles déclaraient bien que " les Églises réformées de France auront des pasteurs, des consistoires locaux et des synodes " (art. XV) mais ces synodes n'étaient que d'arrondissement et n'en portaient pas le qualificatif pour ne point faire apparaître l'absence de synode national (2). De plus on leur enlevait toute périodicité de leur réunion telle qu'elle apparaissait dans l'ancienne Discipline et la convocation dépendait entièrement de l'autorité gouvernementale. Les articles organiques créaient des consistoires nommés Églises consistoriales entités administratives de six mille âmes. Or dans l'ancienne Discipline, consistoire et Églises étaient des notions distinctes. L'Église était la communauté locale avec un ministre à sa tête et le consistoire était l'organisation de cette Église. La Discipline permettait donc que plusieurs Églises s'organisent dans le consistoire. Dans les articles organiques, seule existe l'entité consistoriale, qui non seulement était une manière de ne pas reconnaître l'Église locale comme entité, mais ne pouvait fonctionner en situation de dissémination. Aux protestants, qui n'avaient plus d'existence ecclésiale légale depuis la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, les articles organiques redonnaient, certes, les moyens légaux et matériels d'exister, mais sur les deux caractéristiques du régime presbytérien synodal de l'ancienne discipline, les protestants n'obtenaient pas satisfaction : l'Église locale ne recevait pas d'existence et la structure synodale regroupant au plan national les Églises locales n'était pas rétablie. Autrement dit, l'unification ecclésiale et doctrinale des réformés qui eut été indispensable après un siècle de persécutions et de tracasseries ne pouvait pas se réaliser.

Mais les réformés se montrèrent en gros satisfaits des articles organiques pour deux raisons :

  • ils recouvraient la liberté du culte bien que leur expression doctrinale était soumise au contrôle de l'État (Articles 4, 5, 6) et que l'exercice du culte était confiné dans les églises ; il n'était en effet pas possible de s'assembler à plus de 20 personnes sans autorisation de la police en dehors des temples, des articles du code pénal interdisant toute vie de type associative ;
  • les pasteurs étaient payés par l'État, malgré un système inégalitaire du fait que le gouvernement ne voulut d'abord payer que les pasteurs responsables des consistoriales et qu'il fallut beaucoup se battre pour que des Églises qui se développaient puissent bénéficier de nouveaux postes pastoraux pris en charge par l'État.

2 - L'émergence des cultes non reconnus

Il est bien évident qu'un tel système ne pouvait satisfaire tous les réformés. Il fut la cause des premières manifestations du séparatisme ecclésiastique qui, nous allons le voir, recouvrait des divisions théologiques. L'historien Emile Léonard nous en donne un aperçu quand il conclut de manière très mordante son livre sur l'Histoire ecclésiastique des réformés français au XVIIIe siècle : " Fort heureusement pour les protestants de France, tandis que l'Église officielle se mettait ainsi "au pas de la chose publique" […] des communautés dissidentes ne croyaient pas devoir adapter leur organisation et leurs activités au "refroidissement du zèle et de la piété" mais rendre ce zèle et cette piété digne des libres et égalitaires institutions d'autrefois. Méthodistes et piétistes de noms divers étaient ainsi, par la foi comme par la constitution de leurs Églises, les véritables héritiers du Désert "sous la croix"[…]. Les Églises réformées étaient devenues des Églises de notables. Mais ces notables du début du XIXe siècle se laissèrent en grand nombre saisir par le Réveil sorti des milieux dissidents. Et ce sont ces "grands laïques" d'une piété profonde qui, à la tête des Sociétés, dans les Églises et dans le monde redressèrent pour un siècle, avec les humbles et fidèles prédicateurs laïques des villages huguenots, un protestantisme français digne de son histoire, de sa tâche et de sa foi "(3).

Il y a, dans cette citation, outre un peu d'emphase, beaucoup de choses, mais deux d'entre elles sont très importantes et nous intéressent particulièrement ce soir : c'est, d'une part, le fait que l'Église réformée de cette époque connaissait un " refroidissement du zèle et de la piété " et c'est, d'autre part, le fait que ceux qui devaient contribuer au réchauffement de ce zèle allaient le faire en dehors de l'Église officielle, dans les sociétés du Réveil, et dans des Églises dissidentes de l'ERF, les deux types entités s'influençant les unes les autres.

 

2-1- Les sociétés du Réveil

Était-ce possible autrement ? Concernant les sociétés, il convient de préciser qu'elles ont été créées parce que leur objet social, la diffusion de la bible, de la littérature religieuse, l'évangélisation et la mission, pour ne parler que des plus importantes, ne pouvaient pas, selon les articles organiques, être assumé par l'Église réformée. Ainsi les sociétés du Réveil pallièrent le manque de possibilités d'action extérieure de l'Église réformée. A priori ces sociétés n'étaient pas opposées à l'Église réformée, car un certain nombre de leurs membres en étaient issus et prolongeaient ainsi sa mission. Oeuvrant sur le front du témoignage extérieur, ces Sociétés contribuaient ainsi à dynamiser l'Église réformée voire à la secouer, elle qui était cantonnée aux activités intérieures du culte et de la catéchèse à destination de leurs membres. Cette division du travail entre l'Église réformée et les Sociétés eut néanmoins un double effet pour la vie du protestantisme : d'une part, elle accentua un clivage théologique entre ceux qui, dans l'Église réformée, se considéraient comme les garants de l'ordre et de la tradition ecclésiale et ceux qui, dans les sociétés, portaient le mouvement et l'innovation évangélique ; d'autre part, elle rendit ce clivage insupportable à certains qui voulaient sortir du cadre imposé par les articles organiques, cadre qui bridait, selon eux, l'Église réformée.

2-2- Les chapelles indépendantes

Aussi, après la Révolution de Juillet 1830 et l'avènement d'une monarchie constitutionnelle libérale, ces personnes décidèrent-elles de quitter l'Église réformée et de fonder des chapelles indépendantes. La plus connue de ces chapelles est celle de la rue Taibout à Paris, ouverte en 1830. Plusieurs de ses fondateurs étaient, à l'origine, membres de l'Église réformée : les pasteurs Frédéric Monod, Jean-Henri Grandpierre, Jean-Noël Audebez le théologien Philippe Stapfer, les laïcs Agénor de Gasparin, Henri Lutheroth et Frédéric de Coninck pour ne citer que les plus connus. Par ailleurs ces hommes étaient tous membres des Comités des principales sociétés du Réveil. Sur la porte de cette Église on pouvait lire l'écriteau : " Culte évangélique non subventionné par l'État ". D'autres Églises avaient manifesté dès les années 1830 leurs velléités séparatistes : celle d'Orthez (Baigts) qui doit son origine en 1831 à la prédication du pasteur Henry Pyt de Bayonne venu de Genève ; celle de la Nogarède près de St Foy-la-Grande ; celle de Bordeaux en 1839 qui avaient connu une influence morave. À Lyon en 1832 était également fondée une Église réformée évangélique indépendante par le pasteur Adolphe Monod. Formé à Genève, ce pasteur de l'Église réformé, avait été révoqué par le consistoire de Lyon pour avoir refusé, à la Pentecôte 1831, de donner la sainte Cène à toute une assemblée jugée par lui " incrédule et profane ". Nommé en 1836 professeur à la Faculté de théologie de Montauban, Monod redeviendra pasteur de l'Église réformée à Paris en 1849 après avoir refusé d'entrer dans une nouvelle Union d'Églises réformées dont il faut dire ici quelques mots.

2-3-L'Union des Églises Évangéliques (Églises libres) (4)

La Seconde République de 1848 affirmait dans sa Constitution que " chacun [pouvait] professer librement sa religion, et recevoir de l'État, pour l'exercice de son culte, une égale protection " (art. 7) et que " Les citoyens [avaient] le droit de s'associer et de s'assembler " (art. 8). Une telle attitude pouvait-elle ouvrir de nouvelles perspectives à l'Église réformée et lui permettre d'envisager une nouvelle organisation des cultes en France ? En phase avec l'action en Suisse d'Alexandre Vinet partisan d'une Église libre de ses liens avec l'État du canton de Vaud, certains réformés français envisagèrent positivement la séparation des Églises et l'État en France. Pour ce faire, il fallait convoquer une assemblée générale de ces Églises qui serait la préfiguration d'un futur synode. Malheureusement pour eux, l'Assemblée constituante décida de maintenir le régime concordataire ce qui, bien évidemment, ne fut pas du goût des protestants les plus favorables à la séparation alors que d'autres estimaient qu'on pourrait seulement demander des aménagements du système concordataire. Une assemblée générale de l'Église réformée fut alors convoquée en septembre 1848, en vue de préparer un projet de réorganisation de l'Église réformée. Dans ce projet, les Églises locales seraient dirigées par des consistoires particuliers, qui seraient élus au suffrage universel. Le consistoire général n'aurait plus qu'un rôle administratif. Le projet prévoyait par ailleurs la restauration de la synodalité avec des synodes particuliers réunis tous les ans, et un synode général tenu tous les trois ans. Selon la tradition, les membres de ces synodes seraient désignés par les consistoires généraux.

Mais le vrai débat ne porta pas sur les structures de la future Église réformée dont on savait déjà que le gouvernement ne les accepterait pas, mais sur la confession de foi dont les plus chauds partisans de la séparation, estimaient que c'était le seul critère d'appartenance à la future Église réformée. Or sur ce point un triple clivage apparut dans l'assemblée : un premier groupe majoritaire, de libéraux, ne voulut pas de confession de foi parce que, selon lui, cela allait conduire l'assemblée à des affrontements dogmatiques stériles diviseurs de l'Église ; le groupe des évangéliques modérés qui considéra que la confession de foi de la Rochelle suffisait mais qu'elle ne devait pas devenir un critère d'appartenance à l'Église sinon l'on risquait de provoquer des exclusions ; le groupe des évangéliques radicaux qui voulait une Église de professants dont le motif du rassemblement n'était pas la confession de foi de la Rochelle, sujette à interprétations diverses, mais le ralliement à une seule foi, celle en l'Écriture totalement inspirée par Dieu et à son chef Jésus-Christ. Mis en minorité, les leaders de ce dernier groupe, Frédéric Monod et Agénor de Gasparin quittèrent l'assemblée et le 28 octobre 1848 et rédigèrent une Adresse aux membres de l'Église réformée en vue de la constitution d'une union d'Églises réformées évangéliques indépendantes de l'État et réunie autour de Jésus-Christ seul fondement qui puise être posé. Cet appel provoque le ralliement de 22 pasteurs et de 10 laïcs, assez peu somme toute, qui signent un appel au synode constituant de l'Union des Églises Évangéliques de France qui se déroulera du 20 août au 1er septembre 1849 à Paris en présence de 34 représentants d'Églises constituées ou en voie de constitution. Outre qu'elle est une première, la création d'une Union d'Églises séparée de l'État, cette création consacrait dans le monde réformé une scission théologique entre deux camps, les libéraux et les évangéliques. Elle ne recouvrait pas exactement partisans et opposants de la séparation des Églises et de l'État, mais elle allait s'aggraver sur le plan théologique.

Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III, provoquera quelques modifications concernant l'organisation des cultes protestants, mais ne restaurera en rien le régime synodal. Il faudra attendre la fin du Second Empire, pour qu'après bien des hésitations, le gouvernement décide, au printemps 1870, de réunir un synode de l'Église réformée de France. Empêché par la guerre franco-prussienne, le synode réformé se réunira à Paris en juin 1872. À cette date l'Union des Églises Évangéliques atteignait 45 Églises regroupant 3500 membres et n'allait plus guère progresser. C'est lors de leur synode de Mazamet que l'Union changera de titre en se dénommant désormais : Union des Églises Évangéliques libres.

2-4-La Section méthodiste de l'Église du Christ en France et en Suisse (Églises méthodistes) (5)

L'Union des Églises Évangéliques, n'est pas la seule création d'une Église protestante séparée de l'État. Quelques années après cette création, c'était au tour des méthodistes de se constituer en Église indépendante. Voyons comment cela s'est produit et quelles relations les méthodistes ont entretenu avec l'Église réformée.

En septembre et octobre 1819, Charles Cook, un missionnaire britannique méthodiste en France, fait une tournée dans le Gard et l'Hérault au cours de laquelle il rencontre le pasteur réformé de Nîmes, Samuel Vincent. Cook décide de s'installer à Caveirac fin 1821 et pendant deux ans prêche dans une dizaine d'Églises. Selon le système méthodiste, il établit quelques " classes ", c'est-à-dire des groupes bibliques de 10 à 15 personnes sous la direction d'un conducteur laïc, dans la région de Sommières. Puis il organise ces classes en Sociétés, c'est-à-dire en Église locales, l'une à Sommières l'autre à Aiguevive, une autre encore à Vauvert. Le préfet du Gard s'émeut des agissements du missionnaire étranger, mais les consistoires concernés se disent plutôt favorables à Cook, car Vincent les a rassurés. Mais l'orage éclate à la fin de l'année 1823, lorsque dans sa revue Mélanges, Samuel Vincent s'interroge sur les intentions réelles des méthodistes suite à la lecture qu'il a faite du Rapport de la Société des Missions des Méthodistes-Wesleyens, pour l'an 1822 (6). Il écrit : " Parmi les Sociétés chrétiennes de l'Angleterre, qui ont cru convenable de nous envoyer leurs missionnaires pour nous communiquer la vie religieuse qui les animaient elles-mêmes, celle des méthodistes-wesleyens est assurément celle dont les communications pouvaient nous faire le plus de bien, et présentaient le moins d'inconvénients. Leurs opinions sont, à très peu de chose près, les mêmes que celles de la généralité des pasteurs de France, surtout quand ils n'exagèrent pas les doctrines de la grâce, de manière à disposer les hommes à une dangereuse exaltation. Leurs agents, que nous avons vus, sont des hommes pleins de lumière et de douceur, qui ont, en général, procédé avec une extrême prudence. Avec ces dispositions, leur présence au milieu de nous aurait pu ne pas entraîner de graves inconvénients, en même temps qu'elle aurait pu nous faire comprendre comment le christianisme peut et doit passer de la croyance dans la vie de l'âme. J'ai toujours pensé que c'était là leur unique but, jusqu'à la lecture du Rapport. Mais alors pourquoi chercher à nous faire méthodistes-wesleyens ? Quel intérêt y a-t-il à réunir un certain nombre de gens à une Église éloignée, qui ne se distingue par rien de particulier dans son organisation et dans sa croyance, et qui n'a de vraiment remarquable que cette vie religieuse que l'on peut trouver également dans notre organisation et dans notre croyance ? […]. A quoi bon chercher à nous subdiviser, pour créer au milieu de nous un petit corps, qui sera toujours insignifiant, et qui ne différera du grand que par un nom, source trop ordinaire de fanatisme d'un côté et de mépris de l'autre ? Ne vaudrait-il pas mieux se borner à redoubler d'efforts pour vivifier la masse entière ? En d'autres termes, ne vaudrait-il pas mieux travailler dans l'Église protestante, que d'en faire une autre ? N'obtiendrait-on pas des effets plus grands et plus sûrs ? N'éviterait-on pas les plus sérieuses résistances? Et l'ami de la religion, l'ami de l'Évangile ne serait-il pas plus content de voir quinze cent mille protestants devenus chrétiens du fond de l'âme et fortement unis par ce sentiment commun, que de voir se former au milieu d'eux, des conciliabules, dont les membres réunis composent un total de 133 personnes, en y comprenant ceux qui peuvent se trouver à Gibraltar ? ".

Charles Cook répond à cet article, dans le même volume des Mélanges, par un fameux texte de non séparatisme. En effet Cook écrit : " Non Monsieur, notre dessein n'est pas de former une Église méthodiste dans le sein des Églises réformées […] nos efforts ont constamment pour but de vivifier la masse entière de ces Églises ; nous sommes persuadés comme vous, qu'il vaut mieux travailler dans l'Église protestante que d'en faire une autre, et nous serions plus contents de voir quinze cent mille protestants devenir chrétiens au fond de l'âme, et fortement unis par ce sentiment commun, que de voir se multiplier les noms qui séparent les chrétiens entre eux " (7).

Malgré cette déclaration de non séparatisme de Cook, dès les années 1830, son but était de constituer une conférence méthodiste française indépendante de celle de l'Angleterre. Mais cet indépendantisme national se couplait d'un séparatisme ecclésiastique. Ainsi lorsque Cook consacre trois évangélistes à Nîmes en 1838, alors que Vincent est mort un an auparavant, le pasteur réformé Fontanès ne s'y trompe pas. Il écrit dans l'Évangéliste du 15 septembre 1838 que " ces consécrations ayant été faites sans aucune participation du consistoire et des pasteurs de l'Église réformée, il existe donc bien à Nîmes une autorité protestante qui prêche la parole de Dieu, qui donne la communion, qui consacre des ministres et qui est indépendante du Consistoire auquel la loi civile et la loi ecclésiastique confient la direction des affaires religieuses de l'Église de Nîmes ". Et Cook n'en restera pas là : en septembre 1852 à Nîmes, la conférence méthodiste française se constitue en Église séparée de l'Église réformée sous le titre de " Section méthodiste de l'Église du Christ en France et en Suisse, unie de principe aux sociétés fondées par le Révérend Jean Wesley ". Pourquoi 1852 ? Parce que, comme je vous l'ai laissé entendre, les décrets impériaux de 1852 ne modifient pas le cadre des Articles organiques et ruinent l'espoir, né sous la IIe République, de l'instauration d'une séparation des Église et de l'État. Les revivalistes décident alors de s'organiser en unions d'Églises indépendantes ou libres. Pourtant la loi ne les y autorise pas, mais une certaine tolérance religieuse est de mise après la révolution de 1848. Mais si les méthodistes en France sont en mesure de s'organiser ainsi en 1852, c'est qu'ils sont déjà implantés dans le pays depuis près d'un demi-siècle : En 1852 l'Église franco-suisse compte 821 membres communiants, alors que plus de 5000 personnes sont touchées par l'œuvre missionnaire et scolaire ; 15 pasteurs sont à l'œuvre dans 10 implantations dont les plus importantes sont Nîmes, Anduze, Ganges et Nyons (8).

En fait Cook, comme Vincent d'ailleurs, était favorable aux Églises libres et il pensait que si les Églises protestantes de France adoptaient un jour ce statut, le problème du séparatisme ecclésiastique serait résolu. L'Église réformée serait une Église libre, et dans le cadre d'un synode, l'union de ces Églises pourrait se construire. Comme nous le savons, il n'en fut rien et après la tentative synodale avortée de 1848, le désintérêt du gouvernement impérial face à la question synodale et le décret du 25 mars 1852 abrogeant la liberté religieuse affirmée par la République de 1848, Cook manifesta sa volonté de créer une Église méthodiste indépendante à la fois de l'État, de la Grande-Bretagne et de l'Église réformée. Vincent n'était plus là pour assister à cette évolution qu'il redoutait autant qu'il l'avait prévue…

Dans son ouvrage, Vues sur le protestantisme en France, Vincent écrit : " À côté d'une Église constituée, qui compte un ou deux siècles d'existence, il est à peu près impossible qu'il ne se forme pas des associations composées des âmes profondément religieuses, qui ne trouvent plus dans l'Église l'aliment dont elles ont besoin, et qui se réunissent pour se nourrir mutuellement de leurs émotions. Ces associations cherchent à s'étendre par tous les moyens en leur pouvoir, jusqu'à ce qu'elles s'asseyent, qu'elles réglementent, qu'elles multiplient leurs formes, qu'elles s'éteignent, ou qu'elles deviennent, à leur tour, une Église établie et chargée de formalités. Si elles prennent assez de consistance pour en venir là, c'est une réformation. L'introduction du Méthodisme en France n'est pas autre chose que le fait général que nous venons de décrire " (9).

Nous voici donc, dans les années 1850 en présence de deux Églises, l'une dite évangélique, l'autre dite méthodiste, qui sont toutes deux des Églises libres de leurs liens avec l'État, sorties de l'Église réformée de France ou plus exactement constituées de membres issus de l'Église réformée de France. Il faudrait d'ailleurs compléter ce tableau par la description de l'avènement, dans le nord de la France dans les années 1820, des premières communautés baptistes, mais je n'ai pas le temps de traiter ce problème (10). La rupture de leurs liens avec l'État n'est qu'une des causes de leur séparation d'avec l'Église réformée : l'on voit bien que cette cause en cache une autre plus profonde, qui relève à la fois de la théologie et de l'ecclésiologie. Pour ces séparatistes, ce qui fait l'Église c'est non seulement l'adhésion personnelle de ses membres à une confession de foi, mais leur capacité de la professer publiquement, double geste qui signe leur appartenance volontaire à une Église. Ils s'opposent à ceux pour qui cette adhésion et cette profession de foi ne sont pas nécessaires, l'appartenance à l'Église étant plutôt un héritage et une affaire intime dont je on n'a pas à rendre à compte. Pour les premiers, la confession de foi doit être profilée bibliquement, c'est-à-dire christologiquement, alors que pour les seconds, elle est dans le meilleur des cas, l'interprétation pour tous de la foi des pères à laquelle il ne convient pas cependant de s'attacher à la lettre. Le clivage entre ces deux positions est, au milieu du XIXe siècle, très profond, d'autant plus profond que les deux camps qui les incarnent, les évangéliques, bientôt désignés comme " orthodoxes ", par l'autre camp libéral vont se radicaliser. Mais une dernière remarque s'impose à cet endroit : s'il arrive que les deux camps se divisent en plusieurs Églises comme nous venons de le voir, ces deux camps existent aussi à l'intérieur de l'Église réformée encore liée à l'État, parce que certains réformés de tendance " évangéliques " ne veulent pas la quitter, c'est le cas du pasteur Adolphe Monod, parce qu'ils pensent qui l'Église réformée est aussi l'Église de Jésus-Christ, et que dans des temps proches les évangéliques l'emporteront, qu'il convient donc d'y rester pour, le cas échéant, la ré évangéliser, autrement dit la réformer. Adolphe Monod sera suivi dans ce mouvement par d'autres.

3 - Le temps de la séparation

C'est pourquoi je vais maintenant situer dans ce que j'ai nommé " le temps de la séparation " la suite de cette histoire qui englobe deux événements importants touchant plus particulièrement l'Église réformée de France : d'abord son synode de 1872 qui ne va cependant pas permettre l'unification des deux tendances précitées ; ensuite la séparation des Églises et de l'État de 1905 qui elle non plus ne va pas permettre l'unification voire même aggraver la division en provoquant la création de deux puis de trois unions d'Église réformées. Devant cette situation, pour ne pas dire ce spectacle de la division, les autres Églises, libres, baptistes et méthodistes, vont poursuivre leur existence autonome avant d'entrer à nouveau en dialogue avec l'Église réformée au moment de sa réunification en 1938 qui fera l'objet de notre 4e chapitre.

3-1-Le synode national réformé de la division en 1872

En 1872, les réformés obtiennent enfin du gouvernement la convocation d'un synode national. Comme dans l'assemblée de 1848, ce synode examine la question de la séparation des Églises et de l'État. Par un voeu adopté le 10 juillet 1872, il reconnaît que " le principe de l'indépendance réciproque des Églises et de l'État devait être inscrit dans le droit des sociétés modernes. Il se dit convaincu que l'Église réformée de France était disposée à accueillir avec confiance, en ce qui la concerne, la séparation d'avec l'État, quand les pouvoirs publics la jugeront nécessaire pour tous les cultes. Il croit bon d'inviter les Églises à s'y préparer " (11).Comme en 1848 encore, le synode achoppe sur la question de la déclaration de foi. Mais, contrairement à 1848, les évangéliques, maintenant désignés comme orthodoxes, sont majoritaires. Ils parviennent à faire adopter le 20 juin 1872 par 61 voix pour et 45 contre une déclaration de foi rédigée par le professeur Charles Bois de la Faculté de Montauban, déclaration devant être signée par les nouveaux pasteurs (vote du 6 juillet : 62 voix pour, 39 contre). En substance, cette déclaration de foi proclame : "l'autorité souveraine des saintes Écritures en matière de foi et le salut par la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, mort pour nos offenses et justifié pour notre justification ". Cette déclaration exacerbe le conflit avec les libéraux. En quoi ces derniers étaient-ils opposés à une telle déclaration ? Ils estiment qu'elle n'est qu'une formulation de la foi parmi d'autres et qu'elle l'enferme dans des dogmes, ce qui ne permet pas la liberté d'interprétation des Évangiles. En outre, selon eux, une telle formulation ne peut permettre l'unité de tous les protestants qui doit se fonder seulement sur un sentiment religieux commun les reliant à leur passé et leur permettant d'affronter l'avenir. Les orthodoxes répliquent qu'une Église protestante ne peut reposer sur une communauté d'aspirations communes aussi vagues à quoi Bois ajoute : " Pour nous, il y a quelque chose qui s'appelle la vérité et quelque chose qui s'appelle l'erreur. Il nous est impossible d'accepter l'union des contraires " (12). Le 26 juin, les orthodoxes obtiennent encore gain de cause sur certaines conditions confessionnelles de l'électorat paroissial par 77 voix pour et 24 contre :" sont électeurs tous ceux qui déclarent rester attachés de cœur à l'Église protestante réformée de France et à la vérité révélée telle qu'elle est contenue dans les livres sacrées de l'Ancien et du Nouveau Testament ".

Au terme d'une seconde session synodale fin 1873, amputée de ses délégués libéraux, ces derniers contestent ses décisions et font appel au Conseil d'État pour qu'il les suspende. Mais les temps avaient changé : en convoquant un synode en 1872, le gouvernement de l'époque pensait avoir évité de se mêler des problèmes internes aux réformés. Voyant qu'une fraction de réformés se plaignait à lui, il ne remit pas en cause la légitimité du synode de 1872-1873 mais renonça à en convoquer un nouveau, en s'en tenant à la pratique des articles organiques. Désormais, si les réformés désiraient à nouveau convoquer un synode, celui-ci serait " officieux ". Tel fut le cas à partir de 1879 et jusqu'à la séparation des Églises et de l'État de 1905, mais désormais orthodoxes et libéraux n'allaient plus se réunir ensemble et tenir des assemblées séparées.

Dans le courant des années 1870, les réformés se trouvaient donc dans une situation délicate. Favorables à la séparation des Églises et de l'État, mais minés par leur différent doctrinal, les réformés faisaient passer la question de la séparation au second plan. Elle ne devait revenir à l'ordre du jour que dans 4 des synodes officieux de l'Église réformée sur les 21 tenus au cours des années 1880-1881 après il n'en est plus question jusqu'en 1902 (13). Mais le mouvement de séparation des Églises et de l'État qui était au programme des républicains définitivement installés au pouvoir en 1879, était en marche. Divisés, les protestants en général et les réformés en particulier, abordaient cette période dans des conditions difficiles.

3-2-Les effets diviseurs de la séparation des Églises et de l'État de 1905

c'est dans ce contexte d'adversité interne qu'une nouvelle tentative de réunification des réformés voit le jour : en 1896 une conférence fraternelle est créée qui porte bien son nom puisqu'elle rassemble des pasteurs de l'aile libérale et de l'aile orthodoxe ; elle est tolérée par l'État et devient l'organe de liaison avec le ministère des cultes notamment pour le re-déploiement des postes pastoraux. Quelques années avant la séparation, le gouvernement lui confiera le soin de faire l'inventaire des biens ecclésiastiques. À coté de cette structure officieuse et entre les deux Églises, l'une orthodoxe et l'autre libérale, un troisième groupe apparaît à la fin des années 1890 intitulé Commission d'action protestante évangélique sur le terrain moral et social ; elle est composé de pasteurs " non alignés " en quelque sorte dont les leaders, Élie Gounelle et Wilfred Monod, viennent du christianisme social. Ils avaient le souci que les querelles ecclésiastiques et théologiques ne prennent pas le dessus du témoignage de l'Église et de l'action diaconale dans la société (14). Mais une fois encore, cette réunion n'aboutit pas à ce que certains souhaitaient, à savoir une assemblée délibérative unique des réformés, autrement dit un synode général, car chacun savait que les uns réclameraient une confession de foi et que les autres ne seraient pas d'accord de la signer.

Une autre tentative de réunification des protestants doit retenir notre attention, c'est le projet d'une Fédération protestante de France élaboré début 1904 par des délégations réformées, orthodoxe et libérale, des représentants, méthodistes et libres. Paradoxalement ce projet raviva l'opposition des libéraux à ce projet. Les orthodoxes, eux, avaient compris que le rapprochement général des protestants ne se ferait pas sur un plan doctrinal, plan sur lequel ils se situaient pourtant constamment. Ils avaient pris leur parti de la séparation des protestants entre eux et la Fédération envisagée ne serait pas, selon eux, une super Église mais seulement la " fédération des possibles ", c'est-à-dire la réunion des Églises telles qu'elles étaient sans fusion ni de la discipline, ni de la liturgie, ni de l'organisation. C'était plutôt la défense des intérêts communs du protestantisme et le rapprochement avec les œuvres qui paraissaient aux orthodoxes la seule chose possible de faire. Or les libéraux dont on pouvait attendre que ce projet leur convienne, estimèrent que c'était mettre le schisme au cœur de la future Fédération et ne le soutinrent pas. En fait, ils exprimaient leur crainte de voir le groupe réformé orthodoxe dominer la Fédération ? Les libéraux étaient favorables à un projet qualifié de " conciliateur " plutôt que " fédérateur ", mais croyaient-ils vraiment un tel projet possible ? On peut en douter.

Aussi, au cours de l'année même du vote de la loi de séparation, assiste-t-on à l'échec de toutes les tentatives d'union des Églises réformées. En février 1905, à la veille de la tenue de leur dernier synode avant la séparation à Reims, les orthodoxes lançaient un " Appel à la fidélité " basé sur quatre principes : l'adoption de la déclaration de foi du synode de 1872, celle du régime presbytérien-synodal, l'exclusion de tout esprit de controverse et de polémique et l'interdiction de constituer des partis ou des tendances en son sein, la création d'une fédération de défense des intérêts communs de toutes les branches du protestantisme. L'appel reçut près de 650 signatures. De leur côté, les libéraux répliquaient en lançant une " Déclaration pour la paix protestante " basée sur trois idées : le maintien de la continuité de l'Église réformée autour de son patrimoine commun, l'esprit de paix et d'unité de Jésus, l'acceptation de concessions mutuelles pour résister au cléricalisme et à l'irréligion. Cette déclaration recueillera près de 1000 signatures. On voit bien, entre les deux déclarations, que l'orthodoxe souhaitait une union fédératrice des protestants et la libérale une union conciliatrice.

Le Synode orthodoxe officieux de Reims de mai 1905 vota, d'une voix de majorité seulement, une résolution demandant que tous les réformés soient convoqués après le vote de la loi de séparation afin de voir s'il était possible de constituer une union d'Églises réformées à condition que chacune garde son autonomie religieuse, administrative et financière. Un vent unitaire semblait souffler à nouveau, que l'assemblée générale des Églises réformées libérales de novembre 1905 à Montpellier semblait vouloir amplifier, quand une seconde et dernière session du synode officieux convoqué à Orléans en janvier 1906 repoussa le projet de convocation de cette fameuse assemblée générale des réformés après que les unions d'Églises aient été, chacune, constituées selon la loi de séparation. La direction orthodoxe " dure " avait donc repris ses troupes en main. Cette décision provoqua la démission de la Commission permanente des deux leaders chrétiens sociaux, les pasteurs Wilfred Monod et Élie Gounelle. La direction orthodoxe convoqua les 6 et 7 juin 1906, à Montpellier, un premier synode de l'" Union des Églises Réformées évangéliques " dont ils avaient déposé les statuts selon la loi de séparation des Églises et de l'État. La confession de foi de 1872 était obligatoirement insérée dans les statuts des associations cultuelles.

Devant cette situation, qu'ils avaient vu venir, les libéraux s'étaient organisés de leur côté selon le statut de la loi de 1905 en convoquant aux mêmes dates que les orthodoxes (6-7 juin 1906) une assemblée constituant les " Églises réformées unies " Il sera suivi d'un synode national l'année suivante.

Restaient les " non-alignés ", les amis de Monod et de Gounelle. Plutôt orthodoxes, mais choqués de la décision jugée autoritaire, ecclésialement et doctrinalement, de la Commission permanente de l'Église réformée évangélique, ils convoquèrent le 11 juin 1906 leurs amis à Rouen et jetèrent les bases d'une troisième union d'Églises qui se constitua à Jarnac du 24 au 26 octobre 1906 et prit le nom d'" Union nationale des Églises réformées ". Cette troisième union ne se voulait pas une 3e Église. Pour le signifier elle insistait sur l'autonomie des associations cultuelles et surtout donna la possibilité de la double appartenance avec l'une ou l'autre des unions d'Églises. Les Églises réformés évangéliques (orthodoxes) n'admirent pas cette double appartenance contrairement aux Églises réformées unies (libérales). En 1912, constatant que pratiquement la moitié des Églises du mouvement de Jarnac étaient également membres de l'Union libérale, les deux Unions fusionnèrent sous le nom de l'" Union des Églises réformées ".

Comment évaluer un tel effet séparateur des réformés occasionné par la séparation des Églises et de l'État de 1905 ? Selon l'historien Daniel Robert : " Ces faits de 1905-1906 laissent une impression de tristesse […] impression de bien des occasions manquées […] impression de meilleures intentions qui ont parfois donné des résultats fâcheux " (15), Robert considère néanmoins que le mouvement de Jarnac, même s'il fut de courte durée, avait été porteur d'" un esprit neuf ", d'" un germe d'avenir " (16). Pour l'historien André Encrevé, la réunion en 1912 de l'Union libérale et de l'Union de Jarnac fut même un signe de ralliement des libéraux à la déclaration de principe de Jarnac (17). Celle-ci appelait les Églises à clore l'ère des polémiques, à la repentance, au réveil spirituel, à l'évangélisation et à l'œuvre missionnaire, au renouveau théologique et à la réforme sociale. Les deux historiens estiment que c'est en 1938, avec la reconstitution de l'Église réformée de France dont je vais parler pour finir, que ces principes entreront en vigueur.

4 - L'unité retrouvée : la restauration de l'unité réformée en 1938

À la veille de la 1ère Guerre mondiale, alors que la Fédération protestante de France tenait sa première assemblée générale à Nîmes en 1909, le protestantisme français de souche réformé était divisé avec, d'un côté, Union des Églises réformées évangéliques (de tendance orthodoxes) et de l'autre l'Union des Églises réformées (de tendance libérale). Quant aux autres Églises, libres, méthodistes, baptistes, issues de l'Église réformée, elles continuaient leur chemin, chacune de leur côté.

 

4-1-Quelques événements précurseurs de l'unité

Quels sont les événements du XXe siècle, tant internes qu'externe au christianisme qui vont conduire ces Églises à tenter, une fois encore, leur réunification à partir des années 1930. Là encore je n'ai pas le temps d'approfondir ce sujet, je me contenterai d'énumérer ces événements :

En premier lieu, il y eut la guerre de 1914-18. A priori un tel drame (près de 10 millions de morts et autant d'invalides en Europe) n'a pas affecté plus les Églises que les autres communautés humaines du continent. Elle fut néanmoins, aux yeux du monde, le signe fort de la faillite de la civilisation occidentale dite chrétienne. Devant une telle faillite, les divisions des chrétiens ne faisaient-elles pas pâle figure, mais surtout ne devaient-elles pas être dépassées en vue d'un sursaut de la civilisation occidentale ? Outre le fait que la guerre ait pu rapprocher, dans les tranchées, des hommes qui ne se parlaient plus, on ne peut nier qu'un tel cataclysme ait contribué à la reconstruction de l'unité chrétienne.

En 1910, s'était tenu à Edimbourg la première conférence universelle des missions et les quelques délégués des Églises des pays de mission présents à cette assemblée pressaient les Églises protestantes et anglicanes qui leur avaient envoyé des missionnaires de ne pas exporter leurs divisions dans leur pays, divisions qui constituaient à leurs yeux un contre témoignage rendu à l'Évangile. Quand une nouvelle conférence missionnaire se réunit après la Guerre à Jérusalem en 1928, l'appel à l'unité des chrétiens des délégués des pays de mission était encore plus pressant. D'ailleurs en 1925 à Stockholm puis en 1927 à Lausanne, deux conférences avaient réunis plusieurs centaines de délégués des Églises protestantes et anglicanes du monde entier pour réfléchir à leur unité ; plusieurs pasteurs et laïcs réformés français y avaient participé. C'était donc le début du mouvement œcuménique, d'abord inter protestant, mais qui devait aller en s'amplifiant jusqu'à la création du COE en 1948. L'impact en France de la conférence de Lausanne de 1927 qui prônait une méthode directe de négociation entre les Églises de même confession sur des questions de doctrine et de constitution d'Église, eut aussi un impact sur les Églises réformées.

Un troisième facteur doit être évoqué, c'est le changement du climat théologique en Europe avec le dépassement du conflit entre orthodoxes et libéraux du fait de l'impact en France des écrits du théologien Karl Barth. En 1933 paraît en français, traduit de l'allemand par le pasteur réformé Pierre Maury, le livre de Karl Barth, Parole de Dieu et parole humaine (18). Cet ouvrage remettait l'enseignement biblique et la prédication au centre de l'édification de l'Église, mais en dépassant ce qui avait fait le lit du conflit entre orthodoxe et libéraux à savoir : l'histoire du peuple de la Bible comme un déroulement, la Bible comme livre de réponses à tout, comme manuel d'exemples et d'instruction morales, le lieu de révélation de la vraie religion soumise à interprétation de l'homme. " Le contenu de la Bible, écrit Barth, ne consiste pas dans les justes conceptions que l'homme se fait de Dieu, mais dans les justes opinions que Dieu a de l'homme. La Bible ne nous dit pas comment nous devons parler à Dieu, mais bien ce que Lui nous dit; elle n'indique pas comment nous trouverons le chemin qui conduit à Lui, mais comment Il a cherché et trouvé son chemin vers nous; elle ne parle pas de la vraie relation que nous devrions établir entre Lui et nous, mais de l'Alliance qu'il a conclue avec tous ceux qui sont fils d'Abraham dans la foi, et qu'il a scellé une fois pour toutes en Jésus-Christ " (19). Bien que vu par les libéraux comme une néo-orthodoxie du fait de sa forte christologie, l'impact de la théologie de Barth fut considérable sur la jeune génération de pasteurs réformés français des années trente. De plus cette théologie émergeait au moment où l'Allemagne versait dans le nazisme et où l'Église confessante, lors du synode de Barmen en 1934, adoptait une confession de foi où l'affirmation de la seule seigneurie du Christ signifiait le refus de la domination du Führer Hitler qui se présentait comme un nouveau messie pour le peuple allemand humilié par la défaite de 1914-18 et miné par la crise sociale et le chômage.

Ainsi donc, les menaces mondiales qui pèsent sur l'Occident (la 1ère Guerre, la montée des fascismes), l'avènement de l'œcuménisme, le renouveau de la pensée théologique avec Barth, devaient-ils être des facteurs favorables à la reprise des pourparlers entre réformés. Voyons comment ils ont été conduits.

4-2-Vers la restauration de l'unité réformée

En juin 1933 les synodes nationaux des deux Églises réformées échangeaient un courrier qui conduisit à la mise en place, en octobre, d'une Délégation mixte de dix personnes en vue de rechercher en commun les conditions d'une restauration de l'Église réformée dans son unité. La délégation mixte tiendra 21 sessions entre décembre 1933 et octobre 1938, sessions suivies à chaque fois d'une assemblée plénière chargée d'enregistrer les résultats pour le compte de chaque Église. Dès le début de ses réunions, la Commission mixte envisageait d'associer à ses travaux des membres des autres Églises, libres et méthodistes. Ceux-ci la rejoindront en 1936 alors qu'un projet de déclaration de foi avait été déjà mis au point. Son travail aboutira à la tenue, en avril 1938 d'une assemblée constituante de l'Église réformée que les synodes régionaux devaient approuver avant la tenue du synode national constitutif de la nouvelle Église Réformée de France. Celui-ci se réunira les 12-15 décembre1938.

Retraçons, dans ces grandes lignes les étapes du travail de la Commission mixte : dans une première étape qui va durer de 1933 à 1935 on met au point le texte d'une déclaration de foi devant être à la base de l'identité de la future Église réformée de France. Sur deux points essentiels cette déclaration diffère de celle de 1872 :

  • premièrement la place et la fonction de la Confession de la Rochelle qui était absolutisée dans la Déclaration de 72 est relativisée dans celle de 38, puisqu'elle est considérée comme l'une des expressions successives de la foi.
  • deuxièmement l'autorité souveraine des Écritures qui, en 72, était définie " en matière de foi " est, en 38, " fondée sur le témoignage intérieur du Saint-Esprit " et vue comme " règle de la foi et de la vie ", Cette différence est importante puisqu'elle touche au statut de la Bible dont on admet qu'elle fait l'objet d'interprétation… à la lumière du Saint-Esprit, bien sûr !

Si la Délégation mixte en était restée là, on peut dire que des concessions acceptables de part et d'autres avaient été faites, Les orthodoxes admettant que la confession de foi de la Rochelle n'était pas leur seule référence en matière de foi et que les Écritures pouvaient être interprétées à la lumière du Saint-Esprit, alors que les libéraux admettaient le principe même de l'adoption d'une déclaration de foi et que l'interprétation des Écritures n'était pas soumise au seul libre examen. Mais la délégation mixte voulut aller plus loin et, dans une deuxième étape de son travail, réfléchit à une formule d'adhésion personnelle des pas-teurs à la déclaration de foi, formule devant être ajoutée à la liturgie de leur consécration.

 

4-3- Ceux pour lesquels l'unité fut impossible

Pour certains, comme les pasteurs Edmond Ponsoye et Jules Vinard, le préambule était une concession au vieux libéralisme désireux de relativiser la déclaration de foi et ainsi de l¹affaiblir. Leur démission, lors d'une séance dramatique de la Délégation mixte en no-vembre 1936, ravivait un vieux clivage entre libéraux et orthodoxes. Elle précipita dans l'opposition au projet de réunification de l'Église réformée deux franges de réformés évangéliques, les uns regroupés depuis 1920 dans L'Union des chrétiens évangéliques, qui voyaient dans le principe même de la réunification des réformés un esprit de confusion, et les autres regroupés depuis 1935 dans l'Entente évangélique, qui critiquaient systématiquement les travaux de la Délégation mixte. Ces évangéliques désiraient s'en tenir à la déclaration de foi de 1872 et ne pas y ajouter de préambule. Les 23 et 24 août 1938, ils convoquaient à Saint-Jean du Gard un synode constituant d'une union d'Église désireuse de maintenir l'identité de l'Église réformée évangélique : 54 associations cultuelles et 37 pasteurs essentiellement situés dans les Cévennes et quelques-unes dans le Tarn en Languedoc et en Provence, devaient ainsi, après la constitution de l'Église réformée de France, prendre le nom d'Église évangélique réformée indépendante (EREI) (20). Les 22 et 23 novembre 1938, dans la même cité, le synode de l'Union des Églises évangéliques li-bres votait à 43 voix pour le maintien de leur union et 33 pour leur adhésion à la future ERF (21). En fait la moitié des Église libres adhèreront à l'ERF, l'autre moitié se maintien-dra dans l'UEEL.

Quelques mois auparavant, en avril 1938 à Lyon, une assemblée constituante de l'Église réformée recevait les travaux de la Délégation mixte et les soumettait à l'approbation des synodes régionaux des deux unions d'Églises réformées. Une fois adoptées par les synodes régionaux ces décisions étaient approuvées par le synode national constitutif de l'Église réformée de France tenu dans l'église du Saint-Esprit à Paris du 12 au 15 décembre 1938 là où le synode de 1872 s'était déjà réuni. L'Union nationale des Associations cultuelles de l'Église réformée était née. Dans l'année qui suivit, le synode de l'Église méthodiste du 19 au 29 juin 1939, votait aussi à une plus nette majorité l'adhésion à l'ERF, deux tiers des Églises entreront dans l'UNACERF, alors que l'autre tiers, essen-tiellement situé dans le sud-est de la France, se maintenait comme Église Méthodiste en France.

Conclusion

Même si la réunion des réformés en 1938 n'a pas été totale - alors que demeurent des blessures liées au déroulement du processus même de réunification et même si, depuis 1938, d'autres possibles divisions sont apparues au sein de l'Église réformée, et même si d'autres familles protestantes se sont développées ou ont surgi dans le paysage protestant français, la dynamique de 1938 demeure pour l'Église réformée de France celle qu'il convient de poursuivre. Les synodes régionaux de l'ERF de 1994 avaient même imaginé, pour poursuivre cette dynamique, qu'on réactualise la déclaration de foi de 1938, certains en la reformulant d'autres en la commentant en langage courant. Le Conseil national n'engagea pas l'ERF dans une réécriture de la déclaration de foi, mais invita les Églises à travailler à son appropriation personnelle et communautaire et engagea une réflexion sur la notion de membre d'Église, et sur une liturgie commune pour l'ERF.

Il me semble qu'il faut aujourd'hui continuer de prendre prétexte de cette déclaration de foi pour toujours mieux exprimer notre foi, dans l'Église bien sûr, mais également dans l'espace public. C'est la raison d'être d'une Église et le meilleur garant de son unité.

C'est pourquoi je voudrais souligner pour finir trois fonctions que la déclaration de foi peut avoir :

  • une première fonction liturgique : tel est l'usage des confessions de foi qui dit et redit inlassablement ce que croit l'Église en réponse à l'annonce de la grâce de Dieu en Jé-sus- Christ sur elle
  • une seconde fonction catéchétique : ainsi les grandes confessions de la foi chrétienne ont une fonction normative, non pas comme la norme des normes, ce qui est le rôle des Écritu-res, mais comme autorité normative de notre parole subordonnée aux Écritures disant com-ment l'Église lit et reçoit les Écritures et quel est le centre de ces Écritures ;
  • une troisième fonction est une fonction de témoignage et de service qu'il s'avère né-cessaire d'activer quand les circonstances l'exigent : tel fut le cas des Déclarations de foi de Barmen en 1934 pour l'Église confessante d'Allemagne, face au nazisme, de l'ERF en 1938 face à la division de la famille réformée, d'un certain nombre de confessions de foi venant des pays du sud quand l'oppression se fait sentir. D'où une question : quel serait aujourd'hui la pointe de notre confession de foi réactualisée ?

Malgré la distinction de ces trois fonctions, on voit bien que chacune d'elle peut traverser toute confession de foi. Ainsi la Déclaration de foi de 1938 a-t-elle une configuration liturgique, elle s'ouvre par une action de grâce et se termine par une doxologie. Elle a également une fonction doctrinale puisqu'elle explicite et préserve les grands principes de la Réforme : la gloire du seul Dieu, le salut gratuit par le moyen de la foi en Jésus-Christ, les Écritures seules. Enfin, elle comporte un volet apostolique important qui rappelle aux Églises de la Réforme, qu'il convient de se penser comme Église réformée dans la communion universelle des Églises et de s'engager dans le monde profane. Du fait qu'elle est lue au début de certains cultes solennels, la Déclaration de foi accrédite l'idée qu'elle est un acte public. Non seulement pour dire au monde quelque chose de l'identité réformée, mais pour affirmer notre identité reçue de Dieu lui-même.


  1. Sur cette histoire, cf. les ouvrages désormais classiques de Samuel MOURS, Le protestantisme en France au sei-zième siècle, Paris, Librairie protestante, 1959 et Samuel MOURS et Daniel ROBERT, Le protestantisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, Librairie protestante, 1972
  2. Le texte des Articles organiques des cultes protestants se trouve dans Daniel ROBERT, Les Églises réformées en France (1800-1830), Paris, PUF, 1961, p.69 et s. Cet ouvrage est aussi un classique de l'histoire du protestantisme français au début du XIXe siècle, très solidement documenté. Voir également : André ENCREVÉ, Les protestants en France de 1800 à nos jours. Histoire d'une réintégration, Paris, Stock, 1985.
  3. Paris, Fischbacher, 1940, p.237.
  4. Cf. Claude BATY, Les Églises Évangéliques libres, 1849-1999, La Bégude de Mazenc, Édition Spéciale LLB, 1999.
  5. Cf. Théophile ROUX, Le méthodisme en France, Paris, Librairie protestante, 1941. Pierre SOGNO, Les débuts du méthodisme wesleyen en France, 1791-1825, Thèse pour le doctorat de 3e cycle, Paris, Sorbonne, 1970.
  6. Londres, 1823, in 8°.
  7. Samuel VINCENT, Mélanges de religion de morale et de critique sacrée, Nîmes, Gaude, 1820- 1824, T. 8, p.146.
  8. La mission méthodiste a réellement débuté en 1818 avec l'arrivée à Caen du premier missionnaire méthodiste anglais, Charles Cook (1787-1858) qui, avec ses deux fils Emile (pasteur) et Jean-Paul (pédagogue), vont profondé-ment marquer le protestantisme français. Jean-Paul sera notamment le fondateur de la Société des Écoles du Diman-che en 1852.
  9. Samuel VINCENT, Vues sur le protestantisme en France, Paris/Genève, Serviers, Treuttel et Wurtz, Ballimore / Ge-nève, Cherbulez, 1829, T.II, p.260-261.
  10. Cf. Sébastien FATH, Une autre manière d'être chrétien en France. Socio-histoire de l'implantation baptiste (1810-1950), Genève : Labor et Fides, 2001 (Première partie, Chap. I et II).
  11. XXX e Synode général de l'Église réformée de France, Procès-verbal et actes, Paris, 1873, p.385
  12. Charles BOIS cité par André ENCREVÉ, " Évangéliques et libéraux au Synode de 1872 " in Jean BAUBÉROT (sous la dir), Vers l'unité pour quel témoignage ? La restauration de l'unité réformée (1933-1938), Paris les Bergers et les Mages, 1982, p.46.
  13. Cf. Patrick HARISMENDY, " Les protestants face à la Séparation ", dans Jean-Pierre CHANTIN et Daniel MOULINET, La Séparation de 1905. Les hommes et les lieux, Paris, L'Atelier, 2005, p.126.
  14. Dans la terminologie de l'époque, les orthodoxes constituaient l'aile " droite " de l'Église, les libéraux l'aile " gauche ". Entre les deux, naquit le " centre droit " modéré (Gounelle-Monod), mais plus proche théologiquement des orthodoxes que des libéraux. Cette terminologie, alors en usage, ne recoupe pas les clivages droite/gauche du monde politique. Afin de ne pas embrouiller les esprits, je vais éviter d'utiliser cette terminologie aujourd'hui désuète.
  15. Daniel ROBERT, Le protestantisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, op.cit., p.354.
  16. Émile G. LÉONRAD, Histoire générale du protestantisme, T.III. Déclin et Renouveau, Paris : PUF, 1964, p.564. Jean BAUBÉROT, " Problèmes du protestantisme français face à la séparation des Églises et de l'État ", Études théolo-giques et religieuses, 47, 1972/3, p.312.
  17. André ENCREVÉ, Les protestants en France de 1800 à nos jours, op.cit., p.125 et s.
  18. Paris, Les Bergers et les Mages, 1933.
  19. Karl BARTH, Parole de Dieu & parole humaine, Paris : Les Bergers et les Mages, édition de 1966, p.36.
  20. Cf. - Richard GOSSIN, " Ceux qui ont dit "non" : les Églises réformées évangéliques indépendantes ", in Jean BAUBÉROT (sous la dir), Vers l'unité pour quel témoignage ? La restauration de l'unité réformée (1933-1938), op.cit., p.309-335. - Maurice LONGEIRET, Les déchirements de l'Unité. Essai sur l'histoire de la réunification des Églises réformées en France, 1938, Cléon-d'Andran, Excelsis
  21. Cf. Claude BATY, Les Églises Évangéliques Libres, 1849-1999, op.cit., p.223-224.

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