Avec l'autorisation de l'AEM (Aide aux Eglises Martyres), nous reproduisons cet éditorial de Jean Blanc publié dans le numéro de juillet 2004 de "La Voix des Martyrs".

"Heureux le peuple dont l'Éternel est le Dieu"

J'ai été interpellé par la lecture récente d'une information que j'ai trouvée dans le bulletin local de ce qui a été, par le passé, un brillant mouvement d'évangélisation, à l'échelle mondiale, parmi la jeunesse. La note mentionnait positivement la reprise d'activité d'un groupe pour le dialogue interreligieux.

Et je me suis posé des questions comme collaborateur de l'Aide aux Eglises Martyres, œuvre qui soutient la croissance de l'Eglise de Jésus-Christ partout où il y a la vie humaine: "Est-il encore valable d'encourager l'évangélisation dans de nombreux pays où le fait de devenir chrétien amène au mieux une séparation avec la famille ou une perte d'emploi et, au pire, la persécution, les sévices et parfois la mort?" "Est-ce un combat dépassé?" "En définitive, pourquoi encourager des gens à changer de religion en un temps de dialogue et à les exposer aux souffrances?"

La concertation entre religions est devenue une chose presque normale en Occident

Mes questions sont-elles pertinentes alors que, dans nos pays occidentaux à culture chrétienne, la concertation entre les religions est devenue le thème à la mode, presque une nécessité imposée par l'esprit du siècle présent, même si le sujet n'est plus considéré comme tabou dans de nombreux groupes, y compris de type évangélique?

Certes, des contacts entre communautés religieuses, de concert avec les services de l'État, peuvent s'avérer utiles pour assurer à toute une population un bon fonctionnement social et, dans des cas conflictuels, servent à préserver la paix civile; mais que penser de ces plates-formes avec des célébrations communautaires ou même des collaborations ponctuelles? Ainsi, ici, c'est un moine bouddhiste qui est invité chez des moines bénédictins afin de les initier aux secrets de la méditation; là, c'est un prêtre hindou qui présente des dieux à un groupe d'enfants protestants; c'est encore un imam chiite qui étudie dans l'une de nos illustres facultés de théologie avec, pourquoi pas, à l'issue des études, l'offre d'un poste d'assistant à la clé; et là encore, des autorités religieuses de haut rang, comme le dalaï-lama, sont reçues dans nos églises, basiliques ou temples alors que les communautés chrétiennes ont l'interdiction de construire de modestes lieux de culte dans les territoires de juridiction de ces autorités!

Nous vivons à une époque où la communication de l'information va plus vite que nos capacités à l'assimiler, où les voyages permettent à presque n'importe qui de rencontrer les hommes de toutes cultures et de toutes religions et, même si nous ne pouvons aller vers eux, nous les rencontrons chez nous. Vivant à Genève, je peux me rendre compte de cette réalité chaque jour, car le monde entier défile devant les fenêtres de notre église située au cœur de la cité. Même nos trois enfants ont suivi l'école primaire d'un quartier populeux du centre-ville en compagnie d'enfants de plus de cinquante pays de la planète, avec les convictions religieuses et les pratiques les plus diverses.

Du cœur de cette diversité monte une espèce de credo: "Chaque croyance est respectable et, en définitive, nous adorons le même principe divin ou dieu. Si nous sommes ensemble pour prier, Dieu accueillera de manière égale la diversité des prières adressées à des noms bien différents!" Il est vrai que chaque homme et chaque femme est infiniment respectable et autant pour ses convictions. Mais que dire du dieu qui est confessé? Qu'il n'est pas semblable dans tous les cas et que le dialogue spirituel est simplement impossible! Comme chrétiens, nous ne connaissons pas le même Dieu, ne servons pas le même Dieu que les autres religions! Nous sommes alors d'accord de créer la rupture et de rejeter le dialogue interreligieux, car il s'agit là d'un bien grand danger qui, entre les mains de Satan, cherche à ralentir la vision de la nécessité d'évangéliser! Bien entendu, si nous partons des œuvres de l'homme et de l'enseignement éthique de la religion, nous allons trouver des lignes convergentes; mais si nous partons pour notre réflexion de l'essentiel, à savoir de Dieu lui-même, nous saurons qu'un accord est impossible et c'est bien de ce point de départ que nous devons aligner notre réflexion.

L'accord impossible!

"Heureux le peuple dont l'Éternel est le Dieu", déclare le psalmiste (Psaume 144:15) et, d'emblée, il établit une différence: ce Dieu n'est pas n'importe quel Dieu, c'est l'Éternel! Lorsque Moïse rencontre ce Dieu dans le désert du Sinaï, Dieu se présente comme l'Éternel: "C'est moi le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob." (Exode 3:6a) Moïse reçoit le mandat de redire ces propos à la nation d'Israël (mentionnés à deux reprises dans les versets 15 et 16). Pierre, dans Actes 3:13, reprend cette formule et indique que ce Dieu a glorifié Jésus. Le Dieu de Moïse est celui qui s'est révélé à Abraham, à Isaac et à Jacob, et qui maintenant se présente à Moïse. Ce n'est pas un étranger pour ce dernier; Dieu se présente de manière claire à son serviteur pour éviter toute confusion. Il n'est pas un dieu égyptien, il est celui des pères de la nation hébraïque. Il est celui qui, créateur et juge de toutes choses, est le maître de l'histoire. Il est celui qui a transformé leurs circonstances et changé leurs cœurs, celui qui a manifesté son amour. C'est le Dieu qui les a conduits, les a dirigés, les a bénis, qui a fait alliance, qui a entretenu une relation personnelle avec chacun d'eux... et toute leur descendance! Dans l'Écriture, cette formule revient sans cesse pour marquer la différence avec les autres dieux de la terre.

Des filtres indispensables

Tout bien considéré, ces quelques traits concernant la nature et le caractère de Dieu sont des fondements de réflexion autant que des limites pour la relation avec les autres religions. Par exemple, il n'est pas juste de déclarer: "Après tout, Allah ou Dieu... ce sont des noms différents pour un même Dieu" si ces dieux n'ont pas la même nature, le même caractère, la même révélation! Par exemple, le Dieu de la Bible est un Dieu personnel et intimement engagé dans l'histoire de l'humanité; la Bible présente le chemin du pardon de Dieu au travers du don de Jésus-Christ, lequel est un don gratuit qui ne s'obtient que par la foi et aucunement par les œuvres; la prière chrétienne est un espace de communion et d'intimité avec un Dieu présent, ce qui n'est pas le cas de la foi musulmane qui n'a comme vis-à-vis qu'un dieu impersonnel et arbitraire, qui s'attend que ses sujets accomplissent des œuvres méritoires sans jamais leur offrir une quelconque certitude de salut et aucune relation personnelle avec un dieu qui reste lointain des hommes.

Le fils d'imam

Mon ami le pasteur Moussa Koné, d'Abidjan, est le fils d'un imam reconnu et membre d'une lignée d'imams. Dans son témoignage, il fait la différence entre l'exemple de son père, vertueux croyant de l'islam, et la certitude du salut dans une relation avec un Dieu vivant: "Je peux attester des qualités, de l'amour et de la consécration de mon père, alors que je peux donner mon témoignage de conversion à Jésus-Christ." Il aime souligner dans tous ses écrits et ses messages: "J'aimerais vous dire de ne jamais vous laisser tromper sur le salut de votre âme. On peut vous tromper sur un chèque sans provision; votre épouse, votre père, votre sœur peuvent vous tromper; mais que personne ne le fasse au sujet du salut de votre âme. Le système de valeurs de mes pères était une tromperie, car celles-ci ne pouvaient pas satisfaire la soif de mon âme. Il m'a alors fallu, ayant connu la révélation de l'amour de Dieu, décider, quels qu'en soient les conséquences et les brisements, et faire le choix entre un modèle admirable et une situation plus excellente et plus parfaite."

Notre travail doit se poursuivre

Parce que Dieu ne saurait changer, en raison de son message et de ses promesses, il nous faut soutenir le travail des églises qui, répandues dans le monde malgré l'opposition et la persécution, entendent faire entendre une nouvelle unique de salut.

Jean Blanc est pasteur à l'église évangélique libre de Genève. Il a été l'un des fondateurs de l'Institut Biblique et Théologique d'Orvin, dont il a assumé la direction pendant plusieurs années. Il est actuellement directeur de Swiss Global University et collabore avec l'Aide aux Églises Martyres, travaillant aux éditions Sénevé. Il est marié et a trois enfants.
Des chrétiens de cultures différentes servent le même Dieu, le Dieu vivant de la Bible.

Retour Accueil / Page précédente